Dans l'histoire littéraire, voici le premier roman - dit policier... indispensable à votre culture livresque...
Ceux qui avaient parlé de crime ne s'étaient malheureusement pas trompés, le commissaire de police en fut convaincu dès le seuil. Tout, dans la première pièce, dénonçait avec une lugubre éloquence la présence des malfaiteurs. Les meubles, une commode et deux grands bahuts, étaient forcés et défoncés. Dans la seconde pièce, qui servait de chambre à coucher, le désordre était plus grand encore. C'était à croire qu'une main furieuse avait pris plaisir à tout bouleverser. » Emile Gaboriau est le premier à créer la figure romanesque du policier enquêteur qui aura, comme on le sait, une descendance féconde.
Il faut évoquer le plaisir qu'on a à relire ce classique du roman policier, au-delà de la résolution de l'affaire elle-même. L'Affaire Lerouge, et les autres livres de Gaboriau, héritiers des romans populaires, ce sont des digressions, des chemins de traverse, des péripéties compliquées, l'exploration du passé des protagonistes, l'explication des motifs du crime et du modus operandi. Cela possède un charme véritable, qui faisait les délices d'André Gide, grand amateur de polar, comme Cocteau ou Mac Orlan. » (extrait de la préface d'Hervé Delouche)
Une aventure parmi les plus noires des péripéties lupinesques... Notre héros y commettra un crime... découvrira l'énigme du chiffre 813... et sauvera la patrie...
Le nom du célèbre aventurier sembla faire sur M. Kesselbach la meilleure impression. Lupin ne manqua pas de le remarquer et s'écria :
- Ah ! ah ! cher monsieur, vous respirez ! Arsène Lupin est un cambrioleur délicat, le sang lui répugne, il n'a jamais commis d'autre crime que de s'approprier le bien d'autrui une peccadille, quoi ! et vous vous dites qu'il ne va pas se charger la conscience d'un assassinat inutile. D'accord... Mais votre suppression sera-t-elle inutile ? Tout est là. En ce moment, je vous jure que je ne rigole pas. Allons-y, camarade.
Il rapprocha sa chaise du fauteuil, relâcha le bâillon de son prisonnier,...
On ne présente plus Maurice Leblanc, on ne le vante plus non plus. Il est l'un des auteurs monument de la littérature policière française. Hormis les détails et le contexte qui révèlent une époque révolue évidemment, le style narratif reste d'une grande modernité. Méconnu, 813 est certainement le roman de Leblanc le plus caractéristique de la saga lupinienne. (Préface de Michel Bussi)
Paul Feder, menant jusque-là une existence confortable, se transforme en marin marginal quand il se retrouve plongé dans une aventure tragique au rythme soutenu. Incapable de rester à quai lorsque rodent l'injustice et le danger, Feder, le catalan, s'entoure d'une bande chaleureuse et solide prête à tout risquer à ses côtés.
Il faisait un vrai temps d'hiver dans le midi. Le vent du nord soufflait en tempête dans un ciel cristallin où aucun nuage ne parvenait plus à s'accrocher. Le petit cimetière était noir de monde. Paul frissonna, il avait oublié les morsures du vent. Le cercueil descendait au bout de ses cordes. Les fossoyeurs avaient du mal car son ami était lourd, lourd comme cette peine qui l'écrasait. C'était cette nuit, dans l'appartement du XIVe arrondissement de Paris où Paul vivait depuis dix ans, un téléphone avait sonné. Au bout du fil il n'avait pas reconnu la voix, tant elle était cassée, rompue. Cette voix venait d'ailleurs, d'un monde de tristesse lointain et monotone qu'il ignorait.
- Paul ?
- Oui ... qui est-ce ?
- Paul, François est mort.
Paul Feder, vrai de vrai Catalan basé à Paris, aime les femmes, la cuisine et les bons vins. L'amitié et la fidélité sont sa religion. Clairement engagé du côté du coeur, cet humaniste ne supporte pas l'injustice. Sur mer comme sur terre, cette fiction réjouira les amateurs d'aventures. Gildas Girodeau sait écrire comme personne une palpitante fiction instructive, porteuse de valeurs qui au lieu d'alourdir le propos le dynamise avec bonheur. La suite des aventures de Feder viendra bientôt réjouir les lecteurs.
Noir Côte Vermeille rassemble les deux premières aventures de Paul Feder : Rouge Tragique à Collioure et Malaguanyat. La Suite catalane comprend également Nuclear parano et La Dans des Cafards parus chez Horsain.
Paul Feder soulève le couvercle sur des trafics en tout genre... il est temps de nettoyer la pourriture...
UNE FOIS L'ECHELLE convenablement posée, le vieux grimpa sur la cuve. Le banyuls avait débordé et coulé sur le dessus, ça n'aurait pas dû se produire, la fermentation était finie depuis longtemps. Il déverrouilla les fixations de la trappe et se pencha prudemment. Le vin affleurait le bord supérieur de la cuve, quelque chose de bizarre flottait sous la surface. Alfons tendit la main et tira l'objet à lui. C'était un tissu, genre veste. Le vieux mit quelques secondes à réaliser que dans la veste il y avait un corps, un corps sans tête.
Il se redressa et eut un début de vertige. La cuve avait été collée par le sang, le sang du cadavre... Il découvrit alors le visage de Romain, qui l'observait d'en bas avec curiosité.
- Tout va bien, pépé ? demanda le jeune qui avait remarqué le teint livide du vieux.
- Oui... euh, je viens de me souvenir d'un rendez-vous important à la Chambre d'Agriculture, à Perpignan. Tu peux rentrer chez-toi, va, annonça-t-il d'un ton incertain.
Avec Tsunamis on retrouve les ambiances rythmées de Gildas Girodeau, sombres mais pleines d'humanité. Ce polar marque le grand retour de Paul Feder et de tous les personnages de la saga initiée en 2005.
La Castille profonde, ses élevages de taureaux de combat et son passé franquiste qui pèse lourd, un retour aux sources sous haute tension...
LE RAGOUT commence à bouillir. Ana verse lentement le contenu de la casserole dans une soupière. Le manche est brûlant. Ses mains de servante ne sentent plus le chaud ni le froid. Elle empoigne les anses, se dirige vers la salle, ouvre la porte à double battant d'un coup de rein, à reculons, se présente à l'unique table occupée.
Sourires narquois. Regards fouineurs.
La crasse ordinaire.
Elle se tourne vers la fenêtre. La silhouette du patron qui l'a mariée se détache de dos, à contre-jour, dans l'encadrement. Les pales du ventilateur de plafond ondulent sa maigre chevelure. Il fume en lisant le journal et en hochant la tête.
- C'est pas trop tôt ! maugrée-t-il en écrasant son mégot avec le talon, sans se retourner.
On ne peut pas éternellement faire vivre toute une population sous la menace et dans le silence : la vérité finit par sortir, et tant pis pour les dégâts...
Une version papier est disponible chez The Book Edition
Paul Féder, sa goélette, son équipage et ses amours : aventures au rendez-vous quand les nuisibles se pointent...
Le thonier fonçait à pleine vitesse dans la nuit noire, au moins dix-sept noeuds, la mer semblait calme. Pourtant, une imperceptible houle commençait à l'agiter, menaçante respiration de la tempête approchant par le nord. En cette fin mai la lune n'était qu'un mince croissant que l'on apercevait encore vers l'ouest, entre les nuages. Le jour ne tarderait plus maintenant. Dans la timonerie éclairée par la lueur orange des instruments de bord, José sentait une boule d'angoisse durcir peu à peu dans son ventre. Décidemment ce commandement ne lui plaisait pas. Il ne l'avait accepté que contraint par la misère où il se trouvait, la crise de la surpêche du thon l'ayant privé d'embarquement. Cette année-là, tous les navires sous pavillon français étaient restés à quai, ayant largement dépassé les quotas fixés par l'Europe. Enfin, c'est ce qu'ils avaient dit, car José n'y comprenait plus rien à ces histoires de quotas. Les espagnols, eux, pouvaient encore pêcher un peu et certains bateaux passés sous pavillon Libyen continuaient tranquillement à travailler sans limite. Ils faisaient fortune avec les navires usines japonais, pendant qu'eux cherchaient désespérément à s'embarquer, même sur une « estrasse » !
Réédité aux Editions du Horsain sous le titre La danse des Cafards ce roman appartient à la Suite Catalane. Un polar mais pas que. Une réflexion sur la fameuse Françafrique qu'à tort l'on croit morte. Ce roman a reçu le Prix Delta Noir 2015.
(Edition papier chez Horsain, distribution Pollen)
Le meurtre d'un ami lors des fêtes à la Havane va entrainer le héros dans une enquête pleine de risques... mais l'amour est en embuscade sous les Tropiques...
DANS LE GRAND HALL de l'aéroport José Marti, les verrières centrales du plafond tubulaire diffusent une lumière blafarde. Vincent, trentenaire débraillé tire nonchalamment sa valise à roulettes jusqu'à une baie vitrée. La pluie diluvienne d'un orage tropical se déverse à jets continus comme d'épaisses cordes translucides. Un fracas métallique en provenance du toit, provoqué par l'averse, accompagne ce spectacle. Le jeune Français, mal réveillé après un vol transatlantique, semble fasciné. Les brochures touristiques lui avaient vendu un ciel bleu azur et la douceur hivernale des Caraïbes. La touffeur ambiante le pousse à retirer son blouson. La veille à Paris un épais brouillard maintenait la température proche de zéro. Un éclair aux ramifications multiples déchire l'horizon. Il est suivi de peu par un coup de tonnerre d'une rare violence qui fait trembler la structure entière de l'aérogare. Vincent se tourne vers Hervé son compagnon de voyage qui déjà se dirige vers les guichets des compagnies de loueurs de voitures. L'homme d'âge mûr ne se laisse pas distraire par la première anomalie météorologique venue. Cuba et ses caprices il a déjà connu en d'autres temps. Vincent le rejoint sans conviction. Le décalage horaire le rend d'humeur maussade. Les formalités pour prendre possession de la berline coréenne s'éternisent à cause des coupures de courant qui obligent à relancer le système informatique. L'employé au sourire imperturbable parait doté d'une patience à toute épreuve. La troisième tentative sera la bonne. Il leur tend enfin les clés et le carnet de bord tout en faisant une moue dubitative en direction du tarmac inondé. Il faudra attendre une accalmie avant de partir à l'assaut du long lézard vert...
La Cuba d'aujourd'hui, entre pénuries de tous ordres et dictature persistante, sur fond de musique et d'orages tropicaux est restituée avec justesse et saveur par Franck Membribe, observateur avisé. Quand se déchaînent les passions, mort, amour et violence se conjuguent au son du reggae.
Havanaise, Franck Membribe, roman, collection Noire Soeur, prix 5,99 EUR
La version papier est parue aux éditions du Horsain
EAN 9791023409031
Fiction, tropiques, Cuba, La Havane, meurtres, enquête, police politique, manipulation, violence, enquête, trafics, amour, tourisme
Les troubles d'un ex prof plongé dans une paranoïa éblouie sous le soleil d'Italie. Une villégiature riche et débilitante à la fois, un roman original arrosé au limoncello et baigné du bruit des cigales...
[...] Pensez, se souriait-il en haussant involontairement les épaules, il fallait, entre autre, qu'il la rencontre, elle, et dans la plus grande discrétion, cette magnifique pute de luxe, si redevable en haut lieu de tant d'intelligentes compassions.
Il ne put pas s'empêcher de produire un petit rire sarcastique à peine étouffé.
Eh oui cette bombe humaine était paradoxalement le catalyseur indispensable de l'histoire, une effigie vivante du raffinement libidinal.
En définitive, se marmonnait-il de plus en plus grassement, elle n'a pratiquement rien su cette diablesse. Elle avait le feu vert sommital c'est tout. Et comme lui, le compagnero, elle avait circonstanciellement carte blanche.
Elle serait la « chèvre-émissaire », ça l'avait fait sourire l'expression, le temps d'une séduction éclair.
Il fallait vite charmer, dévoiler...
Elle, elle avait dit avec un petit accent de l'Est qu'elle allait : « Dessiner avec son corps des courbes asymptotiques », c'était exactement ses termes. Asymptotiques, putain !
Maintenant qu'il y pensait, il lui apparut qu'elle était sans aucun doute possible du type péripatéticienne, mais très cultivée, en tout cas beaucoup plus que ce qu'il en avait pu imaginer au premier contact...
Elle avait même rajouté avec une moue enfantine : « Autour d'une érection concupiscente de macho gras »...
Dingue !
Un beau jour sur une petite île, un type est débarqué d'un hélico avec une oreille en moins, et un petit trou en plus dans la tempe. Sur le point de trépasser, on le ranime avec toutes sortes de petits cailloux blancs aiguisés comme les dents des requins du même métal. Doucement, avec plus ou moins de tact, on ressuscite sa surprenante réalité. Entre flashback émoussés et thérapies de pointe, notre homme, ex professeur de lettres, va revivre, dans tous les sens du terme, le parcours de son existence rocambolesque. Aussi le voyage autour du monde de ce drôle de zigoto est-il à cataloguer dans le registre : pertes et fracas...
Après Villa confusione, José Noce nous entraîne à nouveau dans son imaginaire frappadingue. Il a emprunté son titre à Nietzsche. À lire, à l'ombre des pins, un limoncello à portée de gosier... Que du bonheur !
Le destin tragique d'Amin qui aurait tant voulu tuer son idole du blues pour conjurer son sort.
D'ordinaire, le vieux Lodge ne tenait pas trois rounds d'affilée depuis cinq ans, au moins ; normalement, c'était du tout cuit, presque du un contre un, virgule quelque chose, un rapport de misère, quelques cents à gagner qui donneraient à tous ces gagne-petit le sentiment qu'ils n'avaient pas gâché leur soirée. Mais perdre leur misérable mise, à cause de ce sale fils de pute de négro...
- Tu les entends, dis ? Tu les entends, ces bâtards ! T'es mort, t'es déjà mort !
Chow avait les foies. L'atmosphère devenait émeutière, les canettes volaient et ricochaient sur la toile du chapiteau.
Voici le premier roman « américain » de Max Obione. Le fatum tragique est à l'oeuvre comme dans tout bon roman noir. Ça sent la sueur, la pourriture des marais, on entend le lourd blues du Delta. Un roman qui cogne, plus que noir, « blark » : black and dark.
Le numéro d'écrou « A.Z.A.Z. » fait l'écrivain public en caressant les touches d'Erika...
À Port-Vendres, le meurtre d'une scientifique travaillant pour un laboratoire d'océanologie entraine Paul Feder dans les couloirs du lobby nucléaire... aux radiations sanglantes...
Il prépara consciencieusement son matériel, vérifiant une fois de plus les noeuds dans le fil nylon, puis, avant de lancer, il s'agenouilla et scruta la mer au pied de la falaise. Dans la faille, juste à gauche, un objet semblait coincé, mais il ne put immédiatement l'identifier car une vague plus grosse l'engloutit. L'écume monta jusqu'à la plateforme puis redescendit. Il regarda à nouveau et retint un juron, c'était un corps, celui d'une femme vêtue d'une robe. D'instinct il regarda autour de lui. Lors de la guerre d'Espagne, Jaume avait quatorze ans quand il s'était engagé dans les troupes de la C.N.T. et, de Guadalajara à Mauthausen, il avait payé le prix fort et savait reconnaître des emmerdements, quand il en croisait sur sa route. Il semblait seul. Rapidement il remballa son matériel et entreprit l'ascension de la falaise. Il fallait foutre le camp au plus vite, ce cadavre pouvait porter la poisse.
Nucléar Parano est le deuxième tome de la Suite Catalane signée Gildas Girodeau. La série Paul Feder mêle intrigue criminelle et critique sociétale acerbe, le tout très documenté. De quoi ravir les amateurs de purs polars.
Ceux-ci sont réédités aux éditions du Horsain en version papier pour une nouvelle vie. (distribution Pollen)
Qui n'a jamais rêvé d'une nouvelle virginité intellectuelle dans la fleur de l'âge ? Mais attention, recouvrer son identité n'est pas forcément un cadeau...
De minuscules vagues berçaient mon corps sur le rivage. Echoué dans la douceur de l'aube, je revenais à moi peu à peu. Les rayons obliques du soleil levant irradiaient tendrement à travers mes paupières closes. Cette sensation de voile laiteux, la tiédeur de l'eau, une brise caressante, la finesse du sable quartzique au creux duquel ma tête s'était moulée, le susurrement de la mer, tout concordait à mon maintien dans cet état second. J'aurais pu rester là des heures, semi conscient, dans l'ignorance totale de l'heure, du jour, du lieu, croyant ouvrir les yeux dans l'obscurité de ma chambre ou la promiscuité encensée d'un cours de yoga. Soudain une infime vibration vint troubler la quiétude de l'air. Insidieuse comme les prémices d'une rage de dents. Cette sensation désagréable se reproduisit à plusieurs reprises. Elle perdura. D'intermittente et lointaine, elle devint entêtante. Un bourdonnement saccadé, agressif, croissant. Le fracas d'un rotor, enfin identifié, vint définitivement briser cette fragile harmonie. J'ouvris les yeux sur un hélicoptère en stationnement à la verticale. Ses pales brassaient mon espace vital avec une énergie furieuse soulevant des paquets de sable. Mon rythme cardiaque s'emballa. À ce moment seulement je me rendis compte que j'étais nu. Nu comme un ver ! Quelle était donc cette mauvaise blague ?
Survivre au passage d'un tsunami et se réveiller totalement amnésique. C'est le point de départ d'une aventure aux multiples rebondissements. Car le retour de la mémoire peut rimer avec dangers. Un suspense millimétré de Franck Membribe en grande forme romanesque.
(Edition papier chez Horsain, distribution Pollen)
Ce qui n'est pas encore « réel » est néanmoins planifié, voire plausible à brève échéance... Une enquête criminelle sidérante...
Dans un futur très proche, notre vieille planète usée par des décennies d'exploitation sans vergogne, de pollutions gigantesques, d'épidémies hors de contrôle, de famines aux millions de victimes, de terrorismes aveugles et une guerre économique sans merci est devenue invivable. Certains cherchent comment fuir vers un astre plus accueillant, d'autres croient encore possible d'y faire cohabiter huit milliards d'individus. Ultime tentative de réconcilier l'Homme avec l'Humain, la mission Rencontre est envoyée dans la Nouvelle Station Spatiale. Or, deux morts suspectes à bord de ce fleuron de la technologie internationale vont envenimer la situation.
Ancien de Scotland Yard, reconverti en auteur à succès, Eliott Purcell va mener l'enquête, quatre cent quinze kilomètres plus bas. Une investigation sous tension internationale, où la rapacité du capitalisme mondialisé et les expérimentations transhumanistes seront de rudes adversaires. S'il faut un jour quitter la planète, qui en aura la possibilité ? Si les cerveaux sont numérisés pour voyager dans l'espace sur de longues durées, qui sera légitime pour les reconnecter ? Si une exoplanète est à portée d'imagination, sera-t-elle gérée selon les principes libertariens, discrètement à la manoeuvre dans le projet Rencontre ?
Antoine Blocier signe ici un roman inclassable. À la fois polar, anticipation, réflexion philosophique, plaidoyer pour un autre monde, cette histoire très documentée s'appuie sur des faits de société, des travaux scientifiques en cours, dont certains semi-clandestins. Sauvons la planète ou quittons-la ?
Le Calmar déterre dans les archives du PCF le mobile d'un crime commis dans l'immeuble du parti, place du colonel Fabien
Le calmar dans les sous-sols de Fabien ?! Que cherche notre décapode ? La cave des bonnes bouteilles du PC ? Ou la salle des archives ? Une histoire d'aujourd'hui où il est question de guerre d'Espagne, de brigades internationales, de taupes brunes chez les rouges et noirs des années trente ; une histoire aussi de pervers, de dérangés des sens, de tordus du cul adeptes du SM. Bref un mélange qui tue. De quoi satisfaire notre mollusque préféré et ses fans !
Azraël Zirékian, dit le Calmar , est pigiste-détective à son compte, un aiguilleur de destinées manquées, coriace mais tendre, débonnaire mais soupe au lait, curieux comme une fouine. C'est un chaleureux détonateur des temps présents. « Ni poulpe ni pieuvre, calmar à l'oeuvre » , telle est sa devise.
Il y a des professions qui n'offrent pas de garantie en matière de retraite : tueur professionnel par exemple...
[...] - Tu peux tomber la veste, tu sais.
Marvin tombe la veste. Ici, il peut. Ce n'est pas Albert qui se formalisera de voir le Colt à canon long dans le holster qu'il porte sous l'aisselle droite, crosse en bas, revolver maintenu en place par une languette de cuir à velcro épousant le percuteur. Marvin est gaucher, déteste les automatiques et ne cherche plus à défourailler express depuis belle lurette - depuis qu'un plus rapide que lui a démoli sa rotule.
- Je me doutais que ce serait toi qui viendrais, Marv'.
- Mieux valait pour toi, non ? Un autre serait venu en bagnole, discrètement...
- J'aurais été averti quand même ! Depuis le temps, je me suis fait des amis dans la région. Les têtes inconnues sont vite repérées. Les gens d'ici ne sont pas méchants, seulement curieux... Tu as fait bon voyage ? [...]
Jean-Hugues Oppel continue à jouer avec les situations archétypales du polar : le tueur fatigué, le contrat de trop, et en quelques pages vous offrent un condensé d'humanité très noire... Pourquoi se pastiller 300 pages alors qu'un shoot de 20 pages d'Oppel vous offre un pied identique ?...
Boxe et voyeurisme, les filles s'affrontent nues, les poings en avant et la rage à la bouche.
En « girl fight » tous les coups sont permis, frappe de pieds, de poings, de coudes. Viser dans le nez, la tête, les genoux. Tu dois faire mal, casser, broyer ton adversaire.
Pas de gant, aucune protection.
La mort est autorisée. Le risque, c'est un plus pour les malades qui paient cher pour se rincer l'oeil.
Faut être vicieuse. Faut être une tueuse !
Dans un monde blasé, l'excès fait florès. Les combats de l'extrême font partie de la panoplie apte à exciter l'idée de meurtre par procuration. Si en plus on peut assouvir son plaisir de voir des filles nues au cours d'un combat sans merci, le girl fight est en cette occurrence un must. Pas d'hypocrisie, Jérémy Bouquin nous installe au premier rang pour admirer les « cogneuses ».
Une descente vers le Midi, une mauvaise rencontre, et le destin bascule froidement...
LES JEUNES QUITTENT L'AUTOROUTE à la première occase. Ils progressent sur les départementales en échangeant pétards sur pétards et en sifflant bière sur bière durant les deux cents kilomètres qui les séparent d'Avignon. Seul Yacine ne picole pas. Le prophète s'y oppose. Le père de Yacine et l'imam aussi. Le pétard par contre, on ne sait pas trop. Alors Yacine s'est fabriqué sa ligne de conduite. Un joint de temps en temps, ça lui suffit. Il n'exagère pas, à l'inverse de certains de ces potes à peine plus vieux qui jeûnent durant le mois de ramadan et se torchent tous les samedis soir.
Révélé par Croisière jaune et Mistral cinglant, publiés chez Krakoen et réédités chez Jigal, Jérôme Zolma a le regard affûté pour décrire les travers du temps, avec humour parfois.
Au temps des équipes régionales, l'équipe nord africaine de cyclisme a fait la légende du Tour de France dans les années 40 et 50. Voici l'histoire d'une évasion, la tête dans le guidon...
LA PREMIERE CHOSE QUE J'AI FAITE quand on m'a désigné le coin de dortoir qui m'était assigné, sous les toits de la villa Bersigni, c'est de coller une photo sépia d'Abdelkader Zaaf au verso de la porte du vestiaire métallique qui allait me servir d'armoire. Une double page détachée de ses agrafes, au centre d'un ancien Miroir Sprint, où on le voyait, deux boyaux de rechange croisés sur le torse, escalader le col des Usclats, sur les contreforts des Cévennes. Les gars des lits les plus proches avaient échangé un regard ironique avant de décorer leur univers avec le buste généreux de Gina Lollobrigida pioché dans Sensations ou celui plus sage de Grâce Kelly offert par Cinémonde.
On ne présente plus Didier Daeninckx, auteur de romans noirs à succès et de nombreuses nouvelles. Son dernier recueil a reçu le prix Goncourt de la nouvelle. Cette nouvelle « cycliste » est révélatrice de son talent. Sur fond historique véridique, il bâtit une fiction plus vraie que la réalité. A moins que ce soit l'inverse...
Laurence et Marie sont des cogneuses, des salauds rafleront la mise.
Les chosesne se passent jamais comme prévu. Alors Georges préfère prévenir que punir.
- Elle doit se coucher avant la fin. On a mis un paquet de fric, alors tu gères ! chuchote le caillera.
- Mais on peut parier sur elle. On peut miser, tu vois bien qu'elle va gagner ! lui répond Claude.
- On ne change pas les plans. Ta putain se couche et tu fermes ta gueule ! lui lâche le man.
Il regagne sa place, s'adresse à son voisin. Les deux crapules scrutent le combat avec inquiétude. Y a un paquet de cash en jeu. Une certitude : tirer dans le tas en cas de perte.
Rachid Santaki a pratiqué la boxe. Avec son style punchy que l'on a découvert dans son remarqué Les anges s'habillent en caillera, il nous donne à voir un match de boxe féminine révélateur des drames intimes de deux boxeuses. Et aussi les coulisses où gravitent les magouilleurs avides de fric facile.
Un jeune espoir de la boxe française voit son ascension stoppée par la Grande guerre.
Il s'écroula à la renverse sur le tapis, ses yeux se révulsèrent et ses doigts s'agitèrent frénétiquement. Le Molosse lâcha un « Hé merde ! de dépit. Tant pis pour lui ! »
Marceau s'enfonça dans les ténébreux souterrains du coma. Au matin du troisième jour, s es paupières palpitèrent comme les ailes d'un papillon en train de crever et cinq minutes après, il écarquilla des yeux tout ronds.
Demetz nous plonge dans l'immédiate avant-guerre 14-18. On pratique la savate dans les arrières salles de bistrot éclairées au gaz. La violence des coups cause de terribles dégâts. Sous la férule d'un manager sans scrupules, Marceau connait la gloire éphémère... puis la défaite. Mais il aura sa revanche...
10 rounds, 10 instantanés d'humanité entre les cordes, 10 destins.
Quand le Tigre monte sur le ring, les coeurs s'arrêtent de battre. Bercy devient une cathédrale où l'on n'entend plus que le feulement de la bête ivre de violence. Le Tigre, c'est moi. Je lève mes poings. Je montre mes griffes de boucher. À côté de moi, captifs dans l'enclos des cordes et sans possibilités de pouvoir s'échapper, les autres paraissent minuscules. Une pichenette les fera disparaître dans le néant. Remis de mon effrayante arrivée sous les projecteurs, le public se réveille et scande mon nom. Le Tigre ! Le Tigre ! Le Tigre !
On connait Jan Thirion qui excelle dans le format court ou ultra court. Ici, il nous donne 10 condensés de son talent où imaginaire et imagination se surpassent.
Norman contre Chavez à l'affiche, un combat sans merci.
Angelo lui massait la nuque.
- Comment ça roule, petit ?
- Flotte, Gégé ! Verses-y une goutte de ta fiasque.
- T'es pas dingue, non ?! Tu veux te faire disqualifier ?
- Fais ce que je te dis !
- Bon sang, Norman !
Masqué par Angelo, Gérard s'exécuta et lui tendit la gourde. Le goût amer du bourbon dilué dans l'eau lui donna un coup de fouet.
Outre ses qualités d'écrivain du noir et de réalisateur de cinéma, Jo Incardona pratique la boxe en amateur dans la catégorie mi-lourd. Il connait ce sport et la douleur provoqué par les coups. Dans cette nouvelle, on assiste à un match, le lecteur est au plus près de l'action. Plus qu'un reportage, une tragédie humaine.
Assassinat d'un militant politique à Céret, la veille d'une élection fatidique ; le pays bascule.
IL FALLUT UNE BONNE DIZAINE de secondes pour que le cri jaillisse, la mère du petit Vicenç n'ayant pas instantanément réalisé qu'elle tenait un oeil dans sa main. Un oeil humain à l'iris bleu. Le cri s'éleva alors que la mère s'écroulait, évanouie. Il se propagea dans les rues de Céret tel un météore.
Dans cette nouvelle d'anticipation, l'action se déroule dans un contexte d'inexorable descente vers la barbarie, où la violence politique le dispute à l'installation sournoise d'un totalitarisme bas du front. Gildas Girodeau serait-il lui aussi à sa manière un lanceur d'alerte ? Terrifiant mais salutaire.
Itinéraire violent d'un enfant soldat du Congo perdu dans l'une de nos cités...
Elle me déteste. Je le vois. Elle me mettrait bien deux claques mais elle a peur. Elle a raison. Je viens d'un pays où je jouais au foot avec des cadavres comme poteaux de but. Ici je passe pour avoir quinze ans. En réalité j'en ai dix-sept. Des femmes comme elle j'en ai violé, tué.
Pour l'instant je me contente de pourrir sa classe dans laquelle on m'a jeté depuis trois semaines. Je terrorise les filles. Les garçons ne supportent pas de perdre la face.
PHD nous donne deux nouvelles dans lesquelles on retrouve son style percutant, elliptique, allusif, d'une grande efficacité romanesque. Ses histoires, comme l'alcool fort, brûlent votre intérieur.