Charles Baudelaire (1821-1867)
"Homme libre toujours tu chériras la mer..."
"Les fleurs du mal" est le recueil dans lequel Charles Baudelaire a mis la majorité de ses poèmes, une autobiographie en poèmes ?
"Les fleurs du mal" fit scandale lors de sa publication en 1857 et ne fut réhabilité qu'en 1949 ! Les temps ont bien changé mais Charles Baudelaire reste toujours l'un des plus grands poètes français.
Une notice de Théophile Gautier, sur l'auteur, précède ces fleurs maladives.
Jules Verne (1828-1905)
"L'année 1866 fut marquée par un événement bizarre, un phénomène inexpliqué et inexplicable que personne n'a sans doute oublié. Sans parler des rumeurs qui agitaient les populations des ports et surexcitaient l'esprit public à l'intérieur des continents, les gens de mer furent particulièrement émus. Les négociants, armateurs, capitaines de navires, skippers et masters de l'Europe et de l'Amérique, officiers des marines militaires de tous pays, et, après eux, les gouvernements des divers Etats des deux continents, se préoccupèrent de ce fait au plus haut point.
En effet, depuis quelque temps, plusieurs navires s'étaient rencontrés sur mer avec « une chose énorme, » un objet long, fusiforme, parfois phosphorescent, infiniment plus vaste et plus rapide qu'une baleine."
Un monstre marin terrifie les mers et est responsable de plusieurs naufrages. Pierre Aronnax, professeur au Musée national de science naturelle, est convié à une expédition à la recherche du Monstre. Mais lors d'un affrontement avec la bête, Pierre Aronnax est projeté par-dessus bord...
Roman d'anticipation par excellence dans lequel Jules Verne imagine ce que deviendront dans le futur les découvertes de son époque, c'est aussi un véritable cours de géographie maritime et d'océanographie.
Jules Verne (1828-1905)
"En l'année 1872, la maison portant le numéro 7 de Saville-row, Burlington Gardens - maison dans laquelle Sheridan mourut en 1814 -, était habitée par Phileas Fogg, esq., l'un des membres les plus singuliers et les plus remarqués du Reform-Club de Londres, bien qu'il semblât prendre à tâche de ne rien faire qui pût attirer l'attention."
Philéas Fogg réussira-t-il ce pari fou et onéreux de faire le tour du monde en 80 jours ? La révolution des transports, à l'époque, rend ce voyage possible ; mais de la théorie à la pratique, il y a un grand pas ! Philéas Fogg et son valet Passepartout devront faire face aux retards sur les horaires, les embûches, et... l'inspecteur Fix !
Guillaume Apollinaire (1880-1918)
"Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine..."
"Alcools", recueil écrit entre 1898 et 1913, est un lien entre la poésie classique et la moderne. Aucune règle puisque "Créer c'est imaginer..."
Apollinaire, écrivain avant-gardiste, est considéré comme l'un des poètes les plus importants du début du XXe siècle. Il est l'un des précurseurs du surréalisme.
Alexandre Dumas (1802-1870)
Un jeune cadet de Gascogne, pauvre mais rempli d'espoir et d'orgueil, monte à Paris pour devenir mousquetaire et servir le roi... Il fait la connaissance de trois mousquetaires : Athos, Porthos et Aramis...
Alexandre Dumas publie en feuilleton, dans le journal "Le siècle", ce joyau du style "cape et épée", inspiré du célèbre Charles de Batz de Castelmore d'Artagnan.
Voici le tome premier (d'après l'édition de 1910).
Léon Tolstoï (1828-1910)
"Tous les bonheurs se ressemblent, mais chaque infortune a sa physionomie particulière.
La maison Oblonsky était bouleversée. La princesse, ayant appris que son mari entretenait une liaison avec une institutrice française qui venait d'être congédiée, déclarait ne plus vouloir vivre sous le même toit que lui. Cette situation se prolongeait et se faisait cruellement sentir depuis trois jours aux deux époux, ainsi qu'à tous les membres de la famille, aux domestiques eux-mêmes. Chacun sentait qu'il existait plus de liens entre des personnes réunies par le hasard dans une auberge, qu'entre celles qui habitaient en ce moment la maison Oblonsky. La femme ne quittait pas ses appartements ; le mari ne rentrait pas de la journée ; les enfants couraient abandonnés de chambre en chambre ; l'Anglaise s'était querellée avec la femme de charge et venait d'écrire à une amie de lui chercher une autre place ; le cuisinier était sorti la veille sans permission à l'heure du dîner ; la fille de cuisine et le cocher demandaient leur compte.
Trois jours après la scène qu'il avait eue avec sa femme, le prince Stépane Arcadiévitch Oblonsky, Stiva, comme on l'appelait dans le monde, se réveilla à son heure habituelle, huit heures du matin, non pas dans sa chambre à coucher, mais dans son cabinet de travail sur un divan de cuir. Il se retourna sur les ressorts de son divan, cherchant à prolonger son sommeil, entoura son oreiller de ses deux bras, y appuya sa joue ; puis, se redressant tout à coup, il s'assit et ouvrit les yeux."
Anna Karénine, femme mariée et mère de famille, en rendant visite à son frère Stépane à Moscou, fait la connaissance du comte Vronski. Celui-ci devient son amant...
Histoire de trois couples...
Tome I
Jules Verne (1828-1905)
"Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Knigstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg.
La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine..."
Le professeur Lidenbrock, après avoir, par hasard, découvert un vieux manuscrit, n'a de cesse qu'il soit parvenu au centre de la Terre sur les traces d'Arne Saknussemm l'auteur du cryptogramme du manuscrit. Accompagné de son neveu Axel et d'un guide islandais Hans, il entame un périlleux voyage...
Toute la maîtrise du récit allié à une imagination puissante font de ce roman l'une des meilleures oeuvres de Jules Verne.
André Gide (1869-1951)
« C'est le moment de croire que j'entends des pas dans le corridor », se dit Bernard. Il releva la tête et prêta l'oreille. Mais non : son père et son frère aîné étaient retenus au Palais ; sa mère en visite ; sa soeur à un concert ; et quant au puîné, le petit Caloub, une pension le bouclait au sortir du lycée chaque jour. Bernard Profitendieu était resté à la maison pour potasser son bachot ; il n'avait plus devant lui que trois semaines. La famille respectait sa solitude ; le démon pas. Bien que Bernard eût mis bas sa veste, il étouffait. Par la fenêtre ouverte sur la rue n'entrait rien que de la chaleur. Son front ruisselait. Une goutte de sueur coula le long de son nez, et s'en alla tomber sur une lettre qu'il tenait en main :
« Ça joue la larme, pensa-t-il. Mais mieux vaut suer que de pleurer. »
Oui, la date était péremptoire. Pas moyen de douter : c'est bien de lui, Bernard, qu'il s'agissait. La lettre était adressée à sa mère ; une lettre d'amour vieille de dix-sept ans ; non signée.
« Que signifie cette initiale ? Un V, qui peut aussi bien être un N... Sied-il d'interroger ma mère ?... Faisons crédit à son bon goût. Libre à moi d'imaginer que c'est un prince. La belle avance si j'apprends que je suis le fils d'un croquant ! Ne pas savoir qui est son père, c'est ça qui guérit de la peur de lui ressembler. Toute recherche oblige. Ne retenons de ceci que la délivrance. N'approfondissons pas. Aussi bien j'en ai mon suffisant pour aujourd'hui. »
Bernard, alors qu'il prépare son baccalauréat, découvre une lettre d'amour adressée à sa mère et apprend qu'il est le fruit d'un amour de passage. Il en veut à son père adoptif de ne pas être son vrai père et de l'avoir moins aimé. Bernard fuit le domicile familial et se réfugie chez un camarade de classe et ami, Olivier...
Marcel Proust (1871-1922)
"Le pépiement matinal des oiseaux semblait insipide à Françoise. Chaque parole des "bonnes" la faisait sursauter ; incommodée par tous leurs pas, elle s'interrogeait sur eux ; c'est que nous avions déménagé..."
Ce troisième opus est celui du changement pour le narrateur qui passe de l'adolescence à l'âge adulte avec toutes les hésitations que cela comporte.
Gustave Flaubert (1821-1880)
"Nous étions à l'Etude, quand le proviseur entra, suivi d'un nouveau habillé en bourgeois et d'un garçon de classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva comme surpris dans son travail..."
Emma Bovary, mariée à Charles - médecin de campagne plutôt médiocre -, s'ennuie. Elle rêve d'une vie mondaine, d'une vie luxueuse , d'une vie amoureuse comme dans les romances sentimentales qu'elle lisait, adolescente, au couvent...
Emma Bovary est à l'origine du "bovarisme" considéré comme un trouble de la personnalité dont souffrent parfois les personnes insatisfaites... peut-être le spleen de Baudelaire ?
Guy de Maupassant (1850-1893)
"Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce de cent sous, Georges Duroy sortit du restaurant.
Comme il portait beau par nature et par pose d'ancien sous-officier, il cambra sa taille, frisa sa moustache d'un geste militaire et familier, et jeta sur les dîneurs attardés un regard rapide et circulaire, un de ces regards de joli garçon, qui s'étendent comme des coups d'épervier.
Les femmes avaient levé la tête vers lui, trois petites ouvrières, une maîtresse de musique entre deux âges, mal peignée, négligée, coiffée d'un chapeau toujours poussiéreux et vêtue toujours d'une robe de travers, et deux bourgeoises avec leurs maris, habituées de cette gargote à prix fixe.
Lorsqu'il fut sur le trottoir, il demeura un instant immobile, se demandant ce qu'il allait faire. On était au 28 juin, et il lui restait juste en poche trois francs quarante pour finir le mois.
Cela représentait deux dîners sans déjeuners, ou deux déjeuners sans dîners, au choix. Il réfléchit que les repas du matin étant de vingt-deux sous, au lieu de trente que coûtaient ceux du soir, il lui resterait, en se contentant des déjeuners, un franc vingt centimes de boni, ce qui représentait encore deux collations au pain et au saucisson, plus deux bocks sur le boulevard. C'était là sa grande dépense et son grand plaisir des nuits ; et il se mit à descendre la rue Notre-Dame-de-Lorette."
Georges Duroy, arrivé à Paris depuis peu, veut réussir à tout prix. La rencontre fortuite d'un camarade de régiment lui met le pied à l'étrier, en l'introduisant dans le journalisme.
Georges, étant arriviste, comprend très vite que, pour arriver à son but, il doit se servir des femmes. Aussi il n'hésite pas, quitte à paraître amoral et cupide.
Honoré de Balzac (1799-1850)
"À l'époque où commence cette histoire, la presse de Stanhope et les rouleaux à distribuer l'encre ne fonctionnaient pas encore dans les petites imprimeries de province. Malgré la spécialité qui la met en rapport avec la typographie parisienne, Angoulême se servait toujours des presses en bois, auxquelles la langue est redevable du mot faire gémir la presse, maintenant sans application. L'imprimerie arriérée y employait encore les balles en cuir frottées d'encre, avec lesquelles l'un des pressiers tamponnait les caractères. Le plateau mobile où se place la forme pleine de lettres sur laquelle s'applique la feuille de papier était encore en pierre et justifiait son nom de marbre. Les dévorantes presses mécaniques ont aujourd'hui si bien fait oublier ce mécanisme, auquel nous devons, malgré ses imperfections, les beaux livres des Elzevier, des Plantin, des Alde et des Didot, qu'il est nécessaire de mentionner les vieux outils auxquels Jérôme-Nicolas Séchard portait une superstitieuse affection ; car ils jouent leur rôle dans cette grande petite histoire.
Ce Séchard était un ancien compagnon pressier, que dans leur argot typographique les ouvriers chargés d'assembler les lettres appellent un ours. Le mouvement de va-et-vient, qui ressemble assez à celui d'un ours en cage, par lequel les pressiers se portent de l'encrier à la presse et de la presse à l'encrier, leur a sans doute valu ce sobriquet. En revanche, les ours ont nommé les compositeurs des singes, à cause du continuel exercice qu'ils font pour attraper les lettres dans les cent cinquante-deux petites cases où elles sont contenues."
Sous la Restauration, Lucien de Rubempré a un certain succès littéraire à Angoulême. Pour divers raisons, il décide de monter à la capitale où il pense trouver la gloire et la fortune. Mais Paris n'est pas Angoulême... ses échecs mettent sa mère, sa soeur et son beau-frère, dans le désespoir et l'embarras financier...
Victor Hugo (1802-1885)
On ne saura pas son nom... on ne saura pas pourquoi il est condamné à mort... La seule chose que le lecteur saura : cet homme a rendez-vous avec la guillotine.
Ce sont ses dernières pensées qu'il nous livre dans ce journal.
Victor Hugo a publié cette "plaidoirie générale et permanente pour tous les accusés", anonymement, en 1829. Le livre fut mal compris. L'auteur fut même accusé d'être morbide et "d'horreur gratuite".
Très vite l'identité de l'auteur fut connue.
Honoré de Balzac (1799-1850)
"Madame Vauquer, née de Conflans, est une vieille femme qui, depuis quarante ans, tient à Paris une pension bourgeoise établie rue Neuve-Sainte-Geneviève, entre le quartier latin et le faubourg Saint-Marcel..."
"Le père Goriot est la première histoire d'une trilogie tournant autour du bagnard Vautrin. Les deux autres titres sont : "Illusions perdues" et "Splendeurs et misères des courtisanes".
Eugène de Rastignac, étudiant noble mais désargenté, est prêt à tout pour réussir dans la haute société. Son destin va croiser le père Goriot dont les deux filles semblent bien installées dans cette société parisienne.
Emile Zola (1840-1902)
"Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoiles, d'une obscurité et d'une épaisseur d'encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes à Montsou, dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betteraves. Devant lui, il ne voyait même pas le sol noir, et il n'avait la sensation de l'immense horizon plat que par les souffles du vent de mars, des rafales larges comme sur une mer, glacées d'avoir balayé des lieues de marais et de terres nues. Aucune ombre d'arbre ne tachait le ciel, le pavé se déroulait avec la rectitude d'une jetée, au milieu de l'embrun aveuglant des ténèbres."
Etienne Lantier arrive dans le nord de la France, le pays des mineurs, des "gueules noires". Il est embauché aux mines de Montsou : il fait vite connaissance avec l'enfer.
"Germinal", en décrivant la vie des mineurs, leur misère, leur exploitation par les patrons, est un véritable roman politique abordant la lutte des classes...
Virginia Woolf (1892-1941)
"Mrs Dalloway dit qu'elle irait acheter les fleurs elle-même.
Lucy avait de l'ouvrage par-dessus la tête. On enlèverait les portes de leurs gonds ; les hommes de Rumpelmayer allaient venir. « Quel matin frais ! pensait Clarissa Dalloway. On dirait qu'on l'a commandé pour des enfants sur une plage. »
Comme on se grise ! comme on plonge ! C'était ainsi jadis à Bourton, lorsque, avec un petit grincement des gonds qu'il lui semblait encore entendre, elle ouvrait toutes grandes les portes-fenêtres et se plongeait dans le plein air. Il était frais, calme et plus tranquille encore que celui-ci, l'air de Bourton au premier matin ; le battement d'une vague, le baiser d'une vague, pur, vif, et même - elle n'avait alors que dix-huit ans - solennel ; debout devant la fenêtre ouverte, elle sentait que quelque chose de merveilleux allait venir ; elle regardait les fleurs, les arbres où la fumée jouait, et les corneilles s'élevant, puis retombant..."
Récit d'une journée d'une Londonienne, Clarissa Dalloway, après la première guerre mondiale. Elle prépare une réception et se pose des questions existentielles : a-t-elle fait le bon choix en se mariant avec Richard ? n'aurait-elle pas dû épouser Peter ? Le retour de Peter à Londres va la replonger dans des anciens souvenirs.
Virginia Woolf nous fait naviguer entre le superficiel et la conscience en dédoublant son héroïne : Mrs Dalloway la femme publique et Clarissa, la femme intérieure.
Roman publié en 1925.
Marcel Proust (1871-1922)
"Mademoiselle Albertine est partie ! Comme la souffrance va plus loin en psychologie que la psychologie ! Il y a un instant, en train de m'analyser, j'avais cru que cette séparation sans s'être revus était justement ce que je désirais, et comparant la médiocrité des plaisirs que me donnait Albertine à la richesse des désirs qu'elle me privait de réaliser, je m'étais trouvé subtil, j'avais conclu que je ne voulais plus la voir, que je ne l'aimais plus. Mais ces mots : « Mademoiselle Albertine est partie » venaient de produire dans mon coeur une souffrance telle que je ne pourrais pas y résister plus longtemps. Ainsi ce que j'avais cru n'être rien pour moi, c'était tout simplement toute ma vie. Comme on s'ignore ! Il fallait faire cesser immédiatement ma souffrance. Tendre pour moi-même comme ma mère pour ma grand'mère mourante, je me disais, avec cette même bonne volonté qu'on a de ne pas laisser souffrir ce qu'on aime : « Aie une seconde de patience, on va te trouver un remède, sois tranquille, on ne va pas te laisser souffrir comme cela. » Ce fut dans cet ordre d'idées que mon instinct de conservation chercha pour les mettre sur ma blessure ouverte les premiers calmants : « Tout cela n'a aucune importance parce que je vais la faire revenir tout de suite. Je vais examiner les moyens, mais de toute façon elle sera ici ce soir."
6e opus de "A la recherche du temps perdu".
Alain-Fournier (1886-1914)
"Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189..
Je continue à dire « chez nous », bien que la maison ne nous appartienne plus. Nous avons quitté le pays depuis bientôt quinze ans et nous n'y reviendrons certainement jamais.
Nous habitions les bâtiments du Cours Supérieur de Sainte-Agathe. Mon père, que j'appelais M. Seurel, comme les autres élèves, y dirigeait à la fois le Cours Supérieur, où l'on préparait le brevet d'instituteur, et le Cours Moyen. Ma mère faisait la petite classe."
Augustin Meaulnes tombe amoureux d'une mystérieuse Yvonne qu'il a rencontré, par hasard, lors d'une étrange fête. Le malheur est qu'il ne sait pas où se trouve le domaine où s'est passée cette féerie. Avec la complicité de François, le narrateur, il part à la recherche de cet amour perdu...
Une véritable quête du Graal.
Léon Tolstoï (1828-1910)
"Le calme régnait dans les rues de Moscou ; on n'entendait qu'à de rares intervalles un grincement de roues sur la neige. Plus de lumière aux fenêtres, les réverbères même étaient éteints. Le son des cloches commençait à vibrer sur la ville endormie et annonçait l'approche du matin. Les rues étaient désertes : ici on apercevait un cocher de fiacre qui sommeillait dans l'attente d'un passant attardé ; là une vieille femme s'acheminait vers l'église, où les cierges allumés jetaient une lueur vacillante sur les châssis dorés des images. La population ouvrière s'éveillait petit à petit, recommençant son rude labeur après le repos d'une longue nuit d'hiver.
Mais la jeunesse oisive n'avait pas encore achevé sa soirée.
À une des fenêtres de l'hôtel Chevalier on voyait à travers les fentes du volet fermé la lumière interdite par la loi. Une voiture, des traîneaux, des fiacres et une troïka de poste stationnaient à la porte de l'hôtel. Le portier, enveloppé dans sa pelisse, se serrait à l'angle de la maison.
"Que restent-ils là à baguenauder toute la nuit ? se demandait un garçon d'hôtel, le visage pâle et tiré, assis dans l'autre chambre. C'est toujours ma chance quand je suis de service."
On entendait les voix de trois jeunes gens qui soupaient dans la chambre voisine. Ils étaient autour d'une table où se voyaient les restes du souper."
Olénine, jeune aristocrate moscovite, rêve d'une vie simple. Il décide de devenir officier dans l'armée. Au contact des Cosaques, il découvre cette vie simple et sauvage qu'il recherchait.
Jack London (1876-1916)
"De toutes les aventures que je vais vous raconter et que je ne sais par quel bout prendre, la faute en revient indéniablement à mon ami Charley Furuseth. Et voici comment.
Il possédait un cottage, de l'autre côté de la baie de San Francisco, à l'ombre du mont Tamalpais. Mais, au lieu de l'occuper durant les mois d'été, il préférait résider dans l'atmosphère étouffante et poussiéreuse de la ville, et y suer depuis le matin jusqu'au soir.
L'hiver, au contraire, il s'y installait pour lire en paix Nietzsche et Schopenhauer.
J'avais pris l'habitude d'aller l'y rejoindre, le samedi après-midi, pour demeurer en sa compagnie jusqu'au lundi.
Et voilà pourquoi un certain lundi matin de janvier, je me trouvai à bord du ferry-boat Martinez, un excellent navire, tout neuf, qui effectuait, pour la quatrième ou cinquième fois, la navette entre San Francisco et Sausalito.
Un épais brouillard couvrait toute la baie ; et en ma qualité de terrien, je n'étais pas très rassuré."
A la suite du naufrage du ferry-boat sur lequel il a pris place, un critique littéraire Humphrey van Weyden est repêché par le Fantôme une goélette armée pour la chasse aux phoques. Humphrey est contraint par le capitaine du voilier, Loup Larsen, à incorporer l'équipage. Humphrey va se trouver confronté à un monde cruel et sans pitié qu'il ne connaît pas et qu'il était loin d'imaginer, un monde où règne sans partage Loup Larsen, être impitoyable et cynique mais cultivé, prônant la sélection naturelle et les théories nietzschéennes du surhomme...
Roman paru en 1904.
Gustave Flaubert (1821-1880)
"Le 15 septembre 1840, vers six heures du matin, la Ville-de-Montereau, près de partir, fumait à gros tourbillons devant le quai Saint-Bernard.
Des gens arrivaient hors d'haleine ; des barriques, des câbles, des corbeilles de linge gênaient la circulation ; les matelots ne répondaient à personne ; on se heurtait ; les colis montaient entre les deux tambours, et le tapage s'absorbait dans le bruissement de la vapeur, qui, s'échappant par des plaques de tôle, enveloppait tout d'une nuée blanchâtre, tandis que la cloche, à l'avant, tintait sans discontinuer..."
Frédéric Moreau, un jeune homme de 18 ans, arrive à la capitale avec un diplôme de bachelier en poche. Il tombe amoureux de Mme Arnoux...
"L'éducation sentimentale" se déroule de 1840 à 1867, 27 ans pendant lesquels la vie se charge des illusions et des rêves de toute une jeunesse.
Frédéric se décidera-t-il dans ses choix ?
Jules Verne (1828-1905)
"- Bet ! - Beth ! - Bess ! - Betsey ! - Betty !
Tels furent les noms qui retentirent successivement dans le magnifique hall d'Helensburgh, - une manie du frère Sam et du frère Sib d'interpeller ainsi la femme de charge du cottage.
Mais, à ce moment, ces diminutifs familiers du mot Élisabeth ne firent pas plus apparaître l'excellente dame que si ses maîtres l'eussent appelée de son nom tout entier.
Ce fut l'intendant Partridge, en personne, qui se montra, sa toque à la main, à la porte du hall.
Partridge, s'adressant à deux personnages de bonne mine, assis dans l'embrasure d'une fenêtre, dont les trois pans à losanges vitrés faisaient saillie sur la façade de l'habitation :
- Ces messieurs ont appelé dame Bess, dit-il ; mais dame Bess n'est pas au cottage. - Où est-elle donc, Partridge ? - Elle accompagne Miss Campbell qui se promène dans le parc."
Et Partridge se retira gravement sur un signe que lui firent les deux personnages.
C'étaient les frères Sam et Sib - de leur véritable nom - de baptême Samuel et Sébastian -, oncles de Miss Campbell. Écossais de vieille roche, Écossais d'un antique clan des Hautes-Terres, à eux deux ils comptaient cent douze ans d'âge, avec quinze mois d'écart seulement entre l'aîné Sam et le cadet Sib."
Selon une légende, la personne qui voit le phénomène du rayon-vert a la possibilité de lire dans les coeurs. Héléna Campbell, jeune Ecossaise que ses oncles, Sam et Sib, aimeraient voir épouser le savant Aristobulus Ursiclos, décide d'aller à la découverte du rayon-vert ; elle ne se mariera pas avant de l'avoir vu !
Guy de Maupassant (1850-1893)
"Jeanne, ayant fini ses malles, s'approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas.
L'averse, toute la nuit, avait sonné contre les carreaux et les toits. Le ciel bas et chargé d'eau semblait crevé, se vidant sur la terre, la délayant en bouillie, la fondant comme du sucre. Des rafales passaient pleines d'une chaleur lourde. Le ronflement des ruisseaux débordés emplissait les rues désertes où les maisons, comme des éponges, buvaient l'humidité qui pénétrait au dedans et faisait suer les murs de la cave au grenier."
Jeanne, fille unique du baron Le Perthuis des Vauds, quitte le couvent où elle a reçu une bonne éducation ; elle retourne vivre au château des Peuples aux côtés de ses parents. Commence pour elle une vie charmante et libre. Elle fait connaissance du vicomte Julien de Lamare qu'elle épouse... c'est le début des désillusions.
Premier roman de Guy de Maupassant.
Honoré de Balzac (1799-1850)
"Il se trouve dans certaines provinces des maisons dont la vue inspire une mélancolie égale à celle que provoquent les cloîtres les plus sombres, les landes les plus ternes ou les ruines les plus tristes. Peut-être y a-t-il à la fois dans ces maisons et le silence du cloître et l'aridité des landes, et les ossements des ruines. La vie et le mouvement y sont si tranquilles qu'un étranger les croirait inhabitées, s'il ne rencontrait tout à coup le regard pâle et froid d'une personne immobile dont la figure à demi monastique dépasse l'appui de la croisée, au bruit d'un pas inconnu."
Félix Grandet, ancien tonnelier et ancien maire, a fait fortune grâce à un bon sens des affaires et à son avarice. Sa fille Eugénie, considérée comme le meilleur parti de Saumur, est courtisée par deux jeunes notables.
A Paris, le frère de M. Grandet se suicide suite à une faillite... Ainsi arrive au domicile des "Grandet de Saumur" le cousin Charles...
Au royaume de l'avarice, l'amour n'est pas roi !