Terrorisée, Ingrid gardait les yeux fermés. Une poutrelle lui sciait atrocement le ventre, ses jambes pendaient dans le vide, soixante mètres au-dessus du sol. La voix du bourreau lui parvint dure, tendue : - Rampe ! Sous ses paupières closes, Ingrid eut le sentiment que la Tour Eiffel était prise de folie et qu'elle tournait autour d'elle à une vitesse vertigineuse...
Debout, le visage aussi inexpressif qu'un masque, se tenait une femme blonde. Un corset baleiné noir et lacé dans le dos la serrait à l'étouffer. Dans sa main droite, elle tenait un petit objet vert qui montait et descendait avec une précision diabolique vers l'homme, entravé sur un lit près d'elle. Un yoyo. Un simple yoyo. Avec quatre lames de rasoir collées à l'intérieur...
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Stockholm, 21 juin 1810. Un corps à demi nu, couvert de sang, gît devant la Maison de la Noblesse. Il ne reste plus grand-chose de la superbe d'Axel de Fersen, grand maréchal du royaume, massacré à coups de parapluie par une foule déchaînée. À ses côtés, traînent lamentablement ses décorations innombrables, symbole de ce qu'il a été, et une montre en or, cadeau de la reine Marie-Antoinette.
Qui était-il ? Qu'a-t-il fait ? Avant de mourir, cet homme, dont on ne peut toujours pas prononcer le nom sans s'entendre demander : « Était-il l'amant de la Reine ? », a remis une enveloppe à sa soeur. Pour la première fois, il se livre et raconte sa vie en France, entre son premier et joyeux séjour à la fin du règne de Louis XV, et sa dernière entrevue, au péril de sa vie, avec la famille royale prisonnière aux Tuileries. Parce qu'il a tout perdu, le principal témoin d'un drame - commencé comme une comédie - ne cache rien de ce qui s'est vraiment passé.
À partir d'une recherche rigoureuse et d'une documentation considérable, Patricia Bouchenot-Déchin a choisi de faire resurgir, sans complaisance, une des figures les plus controversées de l'histoire de cette époque, en lui rendant la parole pour de bien étranges révélations.
Saluée par les flashes des journalistes et par un tonnerre d'applaudissements, Nadia exécuta une révérence parfaite sur le podium. Tendant son visage radieux vers la lumière, elle vit la main trop tard. Un liquide lui brûla atrocement les yeux. Du vitriol. Dans la salle, un parfum à base d'orange et de lavande se diffusait. Celui de la Dame en gris...
Cloé Larrieux n'avait plus qu'une faible lueur de conscience. Le cerveau embrumé, le corps abandonné, elle flottait à l'intérieur du caisson de relaxation, portée par le mélange de magnésium d'algues marines. Un merveilleux moment hors du monde... Dans l'obscurité, elle sentit une présence. Un homme. Qui avançait vers elle. Cloé sourit, et dans le noir, ses dents blanches luirent comme une menace.
Du canal en bas leur parvenait la musique stridente du Carnaval. Venise... devenue pour un jour le lupanar de l'Europe ! Il y eut un déclic, la ceinture desserra son étreinte et Marie-Claire fut inondée par les délices de sa liberté retrouvée. Brutalement, la main du prince s'enfourna dans son ventre. Elle se tendit, crucifiée sur le marbre.
Maryvonne Miquel a découvert, en Beaujolais, une vraie mine d'argent du XVe siècle, mise au jour par les chercheurs de la Sorbonne et du CNRS, au milieu des vignes, dans une vallée sinueuse. C'est la mine de Pampailly, que fouillent, dès 1444, des Allemands employés par Jacques Coeur, le grand financier du roi. Le maître de la mine, Hans Brohart, enjeu de la guerre des mines entre la Bourgogne et le royaume, a une femme jeune et belle... trop jeune et trop belle. C'est le point de départ d'une cavale amoureuse entre Eva Brohart et le jeune imagier Franz, qui nous conduit à descendre le Rhône avec les radeliers de Savoie, jusqu'aux États du pape, aux Salins de Provence, puis à naviguer sur les grandes galées en partance pour Venise et l'Orient. On retrouve dans le roman, les personnages familiers des deux précédents livres de Maryvonne Miquel : Copillon et Guillot, les Lorrains, et le Gascon Croquemaille, confrontés à de nouvelles aventures, en ce terrible XVe siècle où la guerre anglaise fait rage. Après Les groseilles de Vaudémont (années 1429-1431) et Les sabots de la Vierge (années 1433-1434), Maryvonne Miquel offre avec L'anneau de la colombe (année 1444) une véritable fresque du XVe siècle : les passions des hommes et des femmes de l'époque, les détails de leur vie quotidienne, la ronde des heures, au fil des saisons et des paysages, sont puissamment évoqués par cette romancière réaliste, reporter - au sens contemporain du terme - de l'époque qu'elle décrit.
Georges Blond fait revivre l'une des plus gigantesques et des plus effroyables expéditions maritimes de tous les temps. Parce qu'une reine a fait périr atrocement une autre reine, déclenchant l'une des guerres les plus insensées de l'Histoire, Philippe II d'Espagne, assuré de pouvoir envahir l'Angleterre, de l'asservir et de changer sa religion, lance sur la mer plus de 130 navires portant plus de 30 000 marins et soldats. L'Angleterre, malgré sa puissance navale et l'habileté de ses grands amiraux, tremble. L'Europe retient son souffle, devant ce face-à-face de deux géants. Le troisième combattant de cette épopée tragique, c'est la mer. Les tempêtes de la Manche et de la mer du Nord assaillent les orgueilleux galions espagnols. Elles aident les illustres Drake, Frobisher, Hawkins, et autres, à déployer leurs talents au cours de rudes batailles. Finalement, tout s'achève sans invasion, et sans conquête. Sur le chemin du retour, d'autres ennemis attendent les Espagnols : la soif, la faim, le scorbut, la dysenterie. Des bandits massacrent les naufragés sur les côtes de l'Irlande. Les marins et les soldats de l'Invincible Armada sont éprouvés jusqu'au désespoir. Et, des derniers navires, débarquent une armée de spectres... Georges Blond a eu l'heureuse idée de donner la parole à l'Escritor, toujours embarqué à bord du navire amiral. Chargé de tout voir, et de tout noter comme un reporter scrupuleux, il raconte en direct la réalité quotidienne de cet enfer, ses drames, ses révoltes, ses visions d'épouvante. Un grand livre d'aventure, haut en couleur, qui fera rêver et frémir tous ceux que passionnent la mer et l'Histoire.
18 septembre 1870 : les armées prussiennes de Bismarck assiègent Paris. Trois millions d'habitants se retrouvent pris au piège le plus célèbre de notre histoire. Contre le blocus impitoyable, une poignée d'hommes, emmenée par le grand photographe Nadar, invente la fabuleuse épopée des Ballons de la liberté : 66 aérostats quittent Paris à la barbe de l'ennemi, emportant dépêches militaires, courrier des Parisiens, passagers illustres. C'est au coeur de cet épisode oublié de notre passé que nous suivons le journaliste patriote Julien Vernay et la belle Marianne, aide de Sarah Bernhardt à l'infirmerie de l'Odéon, héros de ce roman à la Erckluann-Chatrian, où combats héroïques, aventures aériennes, espionnage, amours impossibles se succèdent entre deux rencontres avec Gambetta, Victor Hugo, Courbet et bien d'autres célébrités du Paris assiégé. C'est à un tourbillon épique et romanesque dans la tradition de Dumas et de Jules Verne que nous convie l'auteur, jusqu'au rebondissement final, à la veille de la Commune.
Le roman s'ouvre en 39 avant J.-C., alors que Rome sort exsangue des guerres civiles. Octave, qui prendra bientôt le nom d'Auguste, est intelligent et cruel. Il réussira à enterrer la République après avoir vaincu Antoine, le maître de l'Orient, aussi célèbre pour ses talents de stratège, que pour ses victoires amoureuses. Renouant avec la tradition du roman-feuilleton de jadis, les couples illustres (Octave et Livie, Antoine et Cléopâtre, Antoine et Octavie) se forment, se déchirent et se retrouvent, dans un climat d'érotisme subtil, sur fond de splendeurs alexandrines et d'intrigues romaines. Le héros du roman, Mécène, à la fois protecteur des artistes et chef des services de renseignement, tente, en vain, avec l'aide de sa maîtresse Salomé, l'affranchie, d'éviter la bataille d'Actium. Octave, comme César, s'éprend follement de Cléopâtre, l'ennemie du peuple romain. Il ne supportera pas qu'elle lui préfère Antoine. Nos pères, qui se délectaient de l'histoire romaine, avaient décidément bien raison... À travers cette interprétation originale - mais toujours fidèle à l'histoire - de la grande aventure romaine en Orient, l'auteur met en scène l'une des plus célèbres passions du monde, s'appuyant sur les dernières découvertes des spécialistes de la vie quotidienne à Rome, des jeux du cirque, des techniques de la guerre sur terre et sur mer. Il fait également renaître la magie de l'Égypte antique, cette civilisation qui nous fascine encore, comme elle fascinait les fils de la Louve.
Juillet 1191 : les Francs viennent de reprendre de haute lutte Saint-Jean-d'Acre aux musulmans. Mais la troisième croisade qui débutait ainsi sous d'heureux auspices tourne bientôt à la querelle entre Philippe Auguste et Richard Coeur de Lion. Jouant habilement des divisions au sein de l'armée chrétienne, le sultan Saladin organise la résistance devant Jérusalem, la cité rêvée. Messager des rois, le jeune chevalier Thibaud participe à la périlleuse reconquête. Cette épopée, à la fois militaire et spirituelle, où le salut du monde est en jeu, met aux prises des héros de légende : Saladin et Richard, le grand maître des Assassins Sinan, le seigneur de Tyr Conrad de Montferrat, les reines Jeanne et Isabelle, sans oublier le sage Maïmonide et le visionnaire du mont Hermon, l'ermite Théophane. Sur la terre de Palestine, en cette fin du XIIe siècle comme en d'autres temps, les civilisations du Livre se rencontrèrent, se combattirent mais surent parfois aussi se comprendre.
Istanbul, 1860 : Effie, une jeune fille de quinze ans, arrive de Vienne et découvre avec enchantement les fastes de la Sublime Porte. Elle accompagne son père, Alexandre Swoboda, un peintre orientaliste. Dans cet Empire ottoman mystérieux et imprévisible, deux rencontres vont bouleverser le destin des voyageurs européens : c'est d'abord Djamile, soeur du sultan, puis Fayçal, le fils d'un émir libanais, qui vont transformer un paisible voyage de travail en périple sentimental, ponctué de dangereuses aventures. Pour le père comme pour la fille, c'est la naissance d'une passion, mais aussi la découverte du malheur : dans l'Orient du XIXe siècle, les mariages entre chrétiens et musulmans sont inconcevables... À travers le récit de ces amours impossibles, L'Odalisque des sables nous entraîne dans le monde clos, fastueux et cruel du sérail.
Grand-Place de Figeac, 1768... Dans la foule, un visage d'enfant frappé d'horreur : Malvina assiste à la pendaison de ses parents, Gabert et Marie Raynal. Le couple est condamné pour avoir tué, et dévalisé, les clients fortunés de leur auberge. Fille d'assassins, Malvina doit désormais cacher son identité pour survivre. À l'hospice qui la recueille, la petite grandit sous la protection de la cuisinière, Hubertine. Un homme, pourtant, connaît son secret et cherche à la soumettre à sa volonté. Il la persuade que ses origines en font une créature satanique. Pour le fuir, elle monte à Paris où, grâce à un livre laissé par sa mère, elle rencontre Jean-Baptiste Dandora de Ghalia, apothicaire savant et excentrique, qui accepte de la prendre à son service. Déjà initiée aux vertus des simples, elle devient experte en l'art des préparations, où la chair, source d'amour et de mort, se mêle à la pharmacopée. Malvina bascule alors, sans méfiance, dans ce nouvel univers qui lui révèle sa véritable nature, et lorsqu'elle tombe follement amoureuse de Matthieu, le fils de Dandora de Ghalia, elle va se montrer capable de tout, au risque de se perdre.
Calcutta, 1943. Un jeune Français, Peyo, évadé d'Indochine où ses parents sont captifs, s'engage dans la prestigieuse armée des Indes, et découvre la terrible loi des commandos. Il y fait la rencontre de personnages insolites, tout droit sortis d'un livre de Kipling : Roderick et ses moustaches cirées, Crazy Cap, le "Captain Maboul", qui se promène avec un réveil accroché au ceinturon, Patiala, le géant sikh, Gholab, un étrangleur silencieux comme une ombre...
Les raids, dans la jungle épaisse des collines de Birmanie, contre les Japonais implacables et cruels, le sang et la fureur des combats, vont faire de Peyo un homme au coeur d'acier. Il connaîtra le chagrin, la colère et, dans la violence de la guerre, une femme raffinée, belle comme une reine barbare, la comtesse Helena, qui lui offre son premier amour.
Les murs de la chambre étaient capitonnés comme la porte. Il y avait des doubles vitres à la fenêtre. - Du dehors on entend rien de ce qui se passe ici, expliqua Marc Loiseau, en décrochant une cravache. A poil et vite ! La secrétaire se déshabilla en tremblant. Elle ne pouvait pas se permettre de désobéir à monsieur Loiseau. C'était son patron.
Le célèbre chef d'orchestre tressaillit violemment au moment où Estelle poussa son long gémissement, de plaisir. Il ferma les yeux, submergé par une excitation sauvage. Cette voix de femme, chantant, modulaire son désir, le plongeait dans une ivresse inouïe. C'était celle qu'il cherchait depuis des années, celle dont il avait tant besoin pour composer sa grande Symphonie Érotique. Le musicien fixa longuement Estelle à travers la glace sans tain. Elle était en sa possession, à tout jamais...
Si Chateaubriand, dans ses Mémoires d'outre-tombe, comme les mémorialistes de l'exil de Napoléon à Sainte-Hélène, mentionnent dans leurs écrits la présence de domestiques chinois auprès de l'Empereur déchu, aucun de ces auteurs ne prend la peine de s'interroger sur le destin insolite de ces serviteurs, exilés eux aussi sur l'affreux rocher noir : à Sainte-Hélène, ils sont exploités et méprisés par la colonie anglaise. Napoléon sera le seul à éprouver, selon d'authentiques témoignages, quelque amitié et une certaine compassion pour ses pauvres Chinois et, à l'heure de sa mort, il ira même jusqu'à les coucher sur son testament. À partir des bribes éparses, relevées dans les textes des compagnons d'exil de Napoléon, René Han a librement imaginé l'aventure passionnante qu'il prête à l'un des coolies de Longwood. Né en 1770, fils bâtard d'un empereur de Chine, il est chargé secrètement, en 1810, de se rendre en Occident pour mesurer la puissance de ces barbares (les Anglais), qui ne cessent d'importuner Pékin pour s'établir et faire du commerce à Canton. Dépouillé par les marins sur le bateau qui devait le conduire en Angleterre, il est débarqué sans le sou à l'escale de Sainte-Hélène, où il est contraint de rejoindre les centaines d'esclaves chinois qui y sont déjà. Il y restera trente ans. L'arrivée de Napoléon en 1815 change sa vie. Seul coolie parlant l'anglais, le fils et agent secret de l'empereur de Chine passe au service de l'empereur d'Occident prisonnier des Anglais. Écrit dans une belle langue, Le Chinois de Sainte-Hélène est un roman d'aventure prenant, émouvant qui, dans le contexte des relations tumultueuses entre l'Angleterre et l'Empire du Milieu, à la charnière du XVIIIe et du XIXe siècle, mêle avec bonheur le souffle de l'imagination à la vérité historique.
Grec d'origine, enfant maltraité vivant dans un milieu misérable à Céphalonie, Constantin Hiérakis s'engage - à douze ans - comme mousse à bord d'un navire commandé par le capitaine Howard. Celui-ci, sorte de baroudeur lettré, prend Constantin sous sa protection, et lui enseigne tout ce qu'il sait. Commence alors pour l'adolescent une vie de marin et d'aventurier, poussé par un désir dont il ne sait pas bien vers quoi il le conduit : changement ? argent ? femmes ? puissance ? pouvoir ? Il aura tout, dans une frénésie à vivre qui le fascine. Au terme d'un périple sur toutes les mers, il se fixe en Extrême-Orient, où il s'emploie à différents commerces, à de multiples trafics, au milieu de la concurrence acharnée et violente que se livrent l'Angleterre, la Hollande, la France et le Portugal dans cette région du monde. Sa réputation grandit, et il est introduit à la cour du roi de Siam. Petit à petit, il obtient la confiance du roi, qui en fait son favori, puis son Premier ministre. Constantin est alors au faîte de son pouvoir. Il a, en particulier, la charge de recevoir une ambassade de Louis XIV, tâche dont il s'acquitte au mieux, mélangeant fort habilement les affaires du royaume et les siennes. Constantin, personnage profondément attachant, avec ses doutes, ses peurs et ses passions, sera finalement emporté par une révolution de palais.
Ses yeux ne s'allumaient que pour deux choses. Le meurtre. Et l'amour. Le prisonnier avança la bouche vers les lèvres gonflées de Jane et ses mains se mirent à pétrir le corps souple et tiède qui se laissait faire avec un total abandon. Il était qu'aucune violence ne lui tirerait le moindre mot. Le gardien, témoin paralysé de la scène, le savait mieux que quiconque.
Né à Venise, fils d'un bottier, Lorenzo Da Ponte, Juif converti, adopté par un évêque, meurt à Philadelphie en 1839, à l'âge de 89 ans, près d'un demi-siècle après Mozart, pour lequel il a écrit le livret de ses trois opéras italiens : Les noces de Figaro, Don Giovanni, et Cosi fan tutte.
Abbé, franc-maçon, coureur de jupons, marié mais attaché à sa famille, ami de Casanova, il sera - comme lui - banni de Venise. Protégé par l'empereur, il est néanmoins chassé d'Autriche, toujours pour la même raison : libertinage. À Londres, il tente de survivre en s'installant comme épicier, ce qui ne l'empêche pas de participer à la naissance du célèbre musée de Madame Tussaud. Harcelé par ses créanciers, il est contraint d'émigrer en Amérique. Là, il touche à tous les métiers : imprimeur, professeur, hôtelier, tenancier de maison close, premier « parrain » de la colonie italienne ; il connaît même la prison pour proxénétisme. Tout en poursuivant sa carrière de poète, il s'essaie à l'agriculture et rêve de renouer avec la gloire théâtrale. Pour cela, il attire la jeune Malibran et fait découvrir les opéras de Mozart aux "Américains".
Il mène une existence exaltante et vagabonde, où les déboires succèdent aux acquis, acquis souvent remis en question par ses comportements aventureux que le talent ne pallie pas toujours.
Lorenzo Da Ponte, personnage hors du commun de ce roman où, si tout n'est pas vrai, rien n'est jamais faux, a vécu tous les soubresauts de l'Histoire, des ultimes lumières de l'Ancien Régime sur le Vieux Continent, aux premiers feux des États-Unis.
Claude Mossé déclare ne pouvoir vivre une journée sans musique, c'est pourquoi, après avoir raconté, sur les ondes, le monde pendant quatre décennies, son goût du voyage, sa formation d'historien l'ont conduit - tout naturellement - au plaisir de faire partager aux lecteurs les extravagances et les richesses de la vie de Lorenzo Da Ponte, poète et aventurier.
Marie de Malortie quitte le domaine familial, en Normandie, pour accompagner son père qui participe, comme la plupart des représentants de la noblesse, aux états généraux à Versailles. Malgré elle, Marie se trouve plongée dans un climat d'intrigues. La décomposition de la monarchie, les hésitations du roi, la montée en puissance de Robespierre, extraordinaire tribun, sont décrits de façon saisissante. Alors que la situation empire à travers le royaume, où des bandes armées, poussées par la famine, terrorisent les campagnes, les Malortie restés fidèles à la monarchie, vont être mêlés à la fuite du roi à Varennes. Pour Marie et les siens, tout bascule soudain avec la rapidité des grandes tragédies. Complots, vengeances, exaspérations, tournent à la frénésie sanguinaire et la jeune femme, dont le coeur hésite entre deux hommes, connaîtra la mort, avant même d'avoir découvert l'amour. Grand roman historique, La cocarde noire a le charme d'un roman d'aventures.
La vieille machine à imprimer haletait sèchement, comme si elle avait des difficultés de respiration. Dans la lumière venue de l'atelier, les reins d'une fille renversée sur une poubelle se bombaient par saccades. Nus... Waller Capuccino prit une inspiration et se rua en avant. La fille se mit à gémir. Exactement au même rythme que la machine.
Les huit filles se dévoilaient au regard de Marcel. Toutes absolument nues, elles étaient mieux que jolies. Immobiles, statues de chair offerte. - Geneviève! Docilement la fille s'avança, les joues rosies. Alors, avant d'ouvrir le dossier, Marcel la fit tourner lentement sur elle-même.