H. Leivick décide à 71 ans de revenir sur les années de cachot qu'il a connues à 18 ans.Dans une première partie, H. Leivick se souvient des six années passées dans un cachot obscur, de ses camarades de détention, révolutionnaires, juifs et non juifs. Il se souvient également des prisonniers de droit commun, dont certains avaient assassiné des Juifs. Des flash-back sur son enfance, son éducation traditionnelle puis son engagement politique parsèment le récit, alimentés par des dialogues intérieurs émouvants avec son père.Dans la deuxième partie, H. Leivick raconte le voyage à pied, puis en bateau-prison vers la Sibérie, traversé par une galerie de portraits et de réflexions sur l'existence et la résistance à l'oppression.
Né en Biélorussie, H. Leivik (1888-1962) reçut une éducation juive traditionnelle et s'engagea très jeune dans le mouvement révolutionnaire. À 17 ans, il prit part à la révolution avortée de 1905 contre le pouvoir tsariste. Il purgea six ans de cachot et fut envoyé en 1912 en Sibérie. Il parvint à s'échapper et gagna New York en 1913 où il vécut le reste de sa vie.Grande figure morale, il est connu en tant que poète, dramaturge et essayiste. Dans les bagnes du tsar est son seul récit.
1934. Yash (surnom de l'auteur) embarque à New York sur un bateau pour retourner vers sa ville natale, Lublin, en Pologne. Le voyage le mène au Havre, où il descend du bateau, prend le train, passe par Paris. Là, il retrouve des amis artistes ou écrivains yiddish au Dôme, à Montparnasse. Toujours en train, il traverse l'Allemagne - devenue nazie l'année précédente - avant d'arriver en Pologne.
Si Jacob Glatstein ne sait pas encore la catastrophe qui va s'abattre sur l'Europe, son récit dresse déjà la photographie d'un monde en train de pousser celui de son enfance dans le précipice.
La force particulière de ce récit du retour au pays natal tient à ses ambiances et aux rencontres.
La traduction de Rachel Ertel la restitue magistralement.
Jacob Glatstein (1896, Lublin - 1971, New York) a dix-huit ans en 1914, quand il quitte la Pologne pour émigrer à New York, chez un oncle. Vingt ans plus tard, devenu journaliste et écrivain yiddish, il décide de faire le trajet à rebours, de New York à Lublin.
Ses poèmes le rendent très célèbre dans le monde yiddish.
Ce chef-d'oeuvre de la littérature yiddish, inédit en France, s'ouvre au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, parmi les cendres, les corps disloqués, dans la froideur d'une terre sans Dieu où les réchappés de la barbarie des hommes tentent de retrouver un semblant d'humanité. Le héros - un être triple, car la focalisation oscille entre Leibl, S. ou "Je" - vogue de lieu en lieu ; partout, pour mille raisons, il est retenu et comme happé par l'endroit qui l'accueille. Chaque ville fait naître des romans dans le roman, où se croisent des dizaines de personnages - ceux qui ont connu 'les Plaines', comme l'auteur nomme les lieux d'extermination, et les autres, les épargnés. Les premiers tentent de vivre, mais demeurent à tout jamais des êtres de souvenir, portant leurs tragédies personnelles et la tragédie de l'Histoire ; les seconds souhaitent juste oublier. Puis les bourreaux, à leur tour, resurgissent. Entre ces hommes, entre les morts et les vivants, se tissent des liens : des drames anciens ou nouveaux éclatent, les sentences tombent. Les fantasmes comme le réel vacillent et se mêlent, alimentant à l'infini le chaos d'un univers à jamais halluciné. Le cortège de morts et les héros de Rochman, tel Ulysse en route pour Ithaque, partent en quête d'un lieu où le dénombrement pourra enfin advenir : sous leurs pas, sous le poids du nombre et des souffrances, c'est le monde tout entier qui menace de céder.
À pas aveugles de par le monde est un texte unique, mêlant avec une finesse et une puissance inégalées les registres de langue et de genre pour tenter de transmettre l'indicible, malgré tout.
« Fuchs est un créateur exceptionnel, un des piliers de la littérature yiddish. »
Isaac Bashevis Singer
Inédite en France, l'oeuvre d'Avrom Moschè Fuchs est un singulier trésor exhumé de la littérature yiddish. Considéré comme le meilleur nouvelliste de sa génération, il peuple ses textes de personnages insolites et rares, et s'attache à décrire le quotidien des petites gens, depuis les prostituées d'une Vienne décadente aux pieux paysans de l'arrière-pays galicien.
Introduite par Rachel Ertel, la présente sélection couvre près d'un demi-siècle de création et révèle la richesse et l'acuité de la plume de ce maître du genre bref, témoin des blessures, des reliques et de la modernité du XXe siècle.
Zakhari Mirkin, fils d'un industriel juif de Pétersbourg, a rompu avec son milieu d'origine. De retour en Russie, il est le témoin déchiré des deux révolutions de 1917. Le troisième et dernier volet d'une fresque en 3 volumes, chef-d'oeuvre du " Zola yiddish ", enfin disponible au format poche. Préface de Rachel Erthel
Zakhari Mirkin, jeune bourgeois déjudaisé, a fui les salons de Pétersbourg pour le " royaume des gueux " : les villes juives de Pologne, où bouillonnent les idéaux du sionisme et de la révolte. Acquis aux idées nouvelles, il ne songe qu'à libérer, avec l'humanité tout entière, les masses juives de l'Empire.
Aux premières heures de la révolution, il découvre la " Babel moderne " qu'est devenue Moscou. La demeure des Halperine, dont il devait épouser la fille, est réquisitionnée par les Gardes rouges, ne laissant aux maîtres des lieux que deux chambres où ils brulent leurs livres et leurs meubles pour se chauffer. Quant à son père, il a été dépossédé de ses biens. Mais que peut encore le révolutionnaire pour l'" ennemi du peuple ", dans l'abîme où sombre la Russie ?
Schalom Asch " ne se contente pas de nous offrir un tableau des événements ; il pénètre profondément dans le domaine de l'âme et nous montre l'importance des conflits intérieurs au sein des bouleversements matériels les plus violents ", a dit de lui Stefan Zweig.
enfant de demain, si ton rêve exhume nos corps - des mains qui se tendent avec force vers des visages de chiffons jaunes -, étouffe étrangle la gorge du rêve et enfouis dans la cendre tes larmes. car notre foi est devenue oiseau de proie.Cette anthologie du poète Avrom Sutzkever, a été confiée à Rachel Ertel, dont on connaît l'engagement pour le yiddish et le grand sens poétique des traductions. Son oeuvre qui traverse le siècle est porteuse d'un extraordinaire espoir en la poésie qui, en plusieurs occasions, lui a sauvé la vie. Tous ses ouvrages y sont représentés et si une grande partie est consacrée au ghetto et à sa résistance, l'ensemble résonne au-delà de l'engagement politique. On peut parler d'un véritable engagement poétique qui aura raison des drames de notre sombre XXe siècle.
La vie et l'oeuvre d'Avrom Sutzkever sont exemplaires à plus d'un titre. Né en 1913, il s'installe à Wilno en 1923 et rejoindra l'avant-garde poétique de la Jeune Wilno. Enfermé dans le Ghetto, il prendra une part active à la résistance et témoignera au procès de Nuremberg. Il fut actif au sein de la Brigade de papier qui cachait des milliers de livres qui furent retrouvés après la guerre. Après un séjour en Union soviétique, il s'installe en Israël en 1947 et y vivra jusqu'à sa mort en 2010.
Erev est une fresque monumentale, à ce jour entièrement inédite en français, qui retrace l'histoire de la famille Boïar, du début du XXe siècle à la Seconde Guerre mondiale, puis à la création d'Israël. On y suit trois générations à travers les destins d'une galerie de personnages tour à tour confrontés au tzarisme, au stalinisme et au nazisme. Décimés par les violents soubresauts de l'histoire, les Boiars se battent sans relâche pour leur survie.Témoignage historique et littéraire essentiel sur la culture des Juifs d'Europe de l'Est, cette saga met en lumière la ferveur intellectuelle et les passions qui animaient les communautés rurales et urbaines de cette région de Polésie à la veille de l'Holocauste.L'ampleur et le détail de cette fresque, les aspects peu connus de la vie communautaire qu'elle dévoile, en particulier le portrait qui est livré de l'intelligentsia de l'entre-deux guerres, en font un texte tout à fait à part dans la littérature yiddish. L'extermination tragique des Juifs d'Europe y est retranscrite dans une langue exaltée, pétrie de réalisme magique, et d'un lyrisme bouleversant.Eli Chekhtman achève ici brillamment la mission qu'il s'était assignée : immortaliser et célébrer la culture yiddish anéantie.
Le Déluge est le dernier ouvrage publié de Leïb Rochman, écrivain aux textes rares et dont l'immense roman À pas aveugles de par le monde fait figure de chef-d'oeuvre inégalé de la littérature yiddish. Paru peu avant sa mort en 1978, Le Déluge évoque, à travers dix nouvelles, la tentative d'extermination des Juifs d'Europe et la possibilité pour la communauté d'y survivre.Fidèle à son travail formel sur la possibilité de dire, d'écrire, de figurer ce qui se joue dans l'indicible, le style de l'auteur atteint ici son apogée. Ces nouvelles à la puissance et à l'intensité dévastatrices mélangent réalisme et fantasmagorie et flirtent avec le fantastique. Tout est visions, hallucinantes et hallucinées. On y retrouve les obsessions de l'auteur : la destruction du monde, la mise à mort des hommes et la coexistence des morts et des vivants.Rochman nous entraîne au coeur des ténèbres, dans un camp à peine démantelé où des femmes donnent naissance à des enfants de cendres, sur les pas d'un homme que les visions assaillent alors qu'il tente de fuir le ghetto avant l'assaut, au coeur d'une Jérusalem cauchemardesque hantée de cadavres, et achève ainsi son implacable exploration, à travers la littérature, de l'horreur de la Shoah.Né en 1918 à Minsk Mazowiecki dans un milieu hassidique, Leïb Rochman s'éloigne petit à petit de cette communauté pour devenir journaliste. En 1940, il est enfermé avec sa famille dans le ghetto de Minsk. Échappant de peu à la liquidation du ghetto par les SS en 1942, il trouve refuge avec sa femme chez une paysanne : ils restent trois ans emmurés et réduits au silence, jusqu'à la libération de la Pologne, où le couple demeure jusqu'en 1946. Victime d'un pogrome, Rochman est soigné en Suisse avant de partir s'installer en Israël en 1950. Il y décède, à l'âge de soixante ans, en 1978.