Elles sont trois : Véra, sa fille Nina, sa petite-fille Guili, soudées par les liens du sang et déchirées depuis des décennies par un terrible secret. Le jour du quatre-vingt-dixième anniversaire de Véra, célébré avec faste au kibboutz, Guili, brûlant de mettre au jour l'histoire de sa famille, décide de tourner un film sur sa grand-mère. C'est ainsi que les trois femmes s'embarquent pour un long voyage vers le passé, dans la Croatie natale et sur les lieux de souffrance de Véra. Pendant leur périple, celle-ci livre pour la première fois le récit de son existence. Que s'est-il réellement passé, lorsqu'elle a été condamnée à trois ans de travaux forcés sur l'île-goulag de Goli Otok par la police secrète de Tito ? Et pourquoi, refusant de trahir la mémoire de son mari Milosz, exécuté comme espion stalinien, a-t-elle dû abandonner sa fille Nina, alors âgée de six ans, laquelle, jamais remise du traumatisme, a abandonné plus tard sa propre fille, Guili ? C'est par la voix de cette dernière et l'écho de quelques autres que nous cheminons à rebours, sur les traces d'un destin tragique, à la croisée de ces moments de l'Histoire qui forcent les individus à faire des choix impossibles.
Le douzième roman de David Grossman explore de façon magistrale les rapports mère-fille, la question du silence et de la transmission. Au fil des révélations, le livre nous emporte dans un crescendo qui culmine avec une rare intensité émotionnelle et s'achève avec grâce sur le pardon, dans un élan d'amour et de compassion.
Traduit de l'Hébreu par Jean-Luc Allouche
Connaît-on jamais ses voisins? Dans cet immeuble de Tel-Aviv, rien n'est moins sûr. Au premier étage, Arnon, un ancien militaire, bascule dans l'obsession lorsqu'il échoue à comprendre ce qu'il s'est passé entre sa fille de sept ans et son voisin de palier à la retraite. Arnon est prêt à tout pour percer ce mystère qu'il semble être seul à interroger. À l'étage supérieur, Hani s'ennuie de son mari toujours absent. Elle ne résiste pas longtemps aux charmes de son beau-frère, un escroc recherché par la police, pendant qu'au dernier étage Déborah, juge à la retraite, lutte contre la solitude.
Une comédie douce-amère qui s'amuse des turpitudes de chaque palier, révélant peu à peu la conscience de ceux qui ne l'ont pas tranquille.
Yaïr Mozes, célèbre réalisateur israélien au crépuscule de sa vie, est convié à une rétrospective en son honneur à Saint-Jacques-de-Compostelle. Trois jours durant, en compagnie de Ruth, l'actrice aujourd'hui malade qui fut jadis sa muse et la cause de sa rupture avec son scénariste de toujours, le génial et ténébreux Saül Trigano, il revoit ses oeuvres de jeunesse. L'épreuve est troublante pour le vieil homme qui croyait, jusqu'alors, avoir fait le deuil paisible de ses émotions. À mesure que les souvenirs affluent, au rythme des images qui se succèdent à l'écran, Mozes est forcé de reconsidérer toutes ses certitudes : sur sa propre existence, son art, son amitié pour Trigano, son amour inavoué pour Ruth... Au coeur de ce voyage dans le passé, un énigmatique tableau, accroché au-dessus du lit que Mozes et Ruth partageront chastement lors de ce séjour en Espagne : une Charité romaine, où l'on voit une jeune femme allaiter un vieillard emprisonné. Pourquoi ce tableau bouleverse-t-il Mozes ? Et pourquoi l'actrice semble-t-elle s'obstiner, elle, à ne pas même le remarquer ? Qui écrit le scénario de nos existences ? Et si la vie n'est qu'un songe, peut-on in extremis en corriger les erreurs, les faux raccords, tel un film sur une table de montage ? Dans ce roman pétillant d'intelligence et d'une majestueuse mélancolie, l'un des plus grands écrivains israéliens scrute l'âme d'un homme qui se demande « comment ne pas renoncer au désir pendant le peu de temps qui nous reste ».
Le désormais célèbre détective privé Oded Héfer, dit la Fouine, accepte une mission minable confiée par sa grand-mère, pensionnaire dans une maison de retraite. Elle a perdu son chat et souhaite que son petit-fils le retrouve au plus vite. En cherchant l'horrible bête, Oded Héfer tombe sur le cadavre d'un pensionnaire de la maison de retraite.
L'enquête doit être menée par le commissaire Yaron Malka. Mais la Fouine ne veut pas être tenue à distance d'une telle enquête. Il a de bonnes raisons de vouloir la mener malgré l'interdiction du commissaire : le meurtre a été commis dans la maison de retraite où sa grand-mère réside.
Gay assumé, fragile et plein d'esprit, Oded Héfer s'immisce alors dans une délicate enquête auprès de personnes du troisième âge aux histoires personnelles chargées.
Yonatan Sagiv est né en 1979 en Israël. Il est titulaire d'un doctorat d'études juives de New York University. Il est spécialiste de l'oeuvre de l'écrivain hébraïque Sh. Y. Agnon, prix Nobel de littérature.
Après avoir vécu une quinzaine d'années à New York et à Londres, Yonatan Sagiv vient de se réinstaller à Tel-Aviv.
Le succès de son premier roman, Secret de Polichinelle (l'Antilope, 2019), l'a convaincu de poursuivre dans cette veine. Le silence est d'or est son deuxième roman.
Un écrivain israélien à succès qui ressemble étrangement à l'auteur a accepté de répondre aux questions d'internautes sur ses livres. Chaque interrogation l'amène à s'ouvrir sur le couple qu'il forme avec Dikla, à avouer ses relations compliquées avec ses enfants ou encore à partager ses angoisses pour son meilleur ami, Ari, atteint d'un cancer. Sa vie tombe en ruine et ce questionnaire lui permet d'en parcourir les méandres, tissant la toile de sa propre histoire, au sein de laquelle il va et vient dans le temps, laissant progressivement apparaître les instants décisifs.
Dans ce roman tout en finesse, le narrateur livre, avec humour, une analyse désabusée de ce qu'il est et de son incorrigible besoin de transformer la réalité en fictions. En nous plongeant dans le quotidien de cet écrivain, Eshkol Nevo met en lumière des moments ordinaires qui nous touchent en plein coeur.
L'histoire de la communauté juive d'Irak s'étend sur une période de près de vingt-six siècles. C'est là, entre le Tigre et l'Euphrate, que s'établit l'antique peuplement juif de Babylone, vers 597 avant notre ère. Avec l'exil des habitants du royaume de Juda, le roi Nabuchodonosor déporta à Babylone près de 10 000 membres de l'élite de Jérusalem avec les trésors du Temple et du palais royal.
Depuis lors, cette présence connut une remarquable expansion, donnant naissance, entre autres, au Talmud de Babylone, pièce maîtresse de la littérature rabbinique et encore étudié de nos jours. Si les juifs d'Irak cultivèrent toujours l'aspiration messianique au « retour à Sion », ils n'en produisirent pas moins une culture riche, mariant fi délité à la foi ancestrale et enracinement profond dans le pays, sa langue --l'arabe--, ses coutumes, ses paysages. En somme, un modèle assez rare de coexistence dans l'Histoire. Mais l'ère moderne, avec ses conflits et ses discriminations, mettra fin à ce judaïsme en Irak. Désormais, ailleurs, en Israël, en Europe ou en Amérique, la mémoire et la vitalité de ce judaïsme immémorial se perpétuent avec ses héritiers.
Smadar Tamir, l'une des femmes d'affaires les plus riches d'Israël, s'est jetée par la fenêtre d'un hôpital de Tel-Aviv. Sa soeur, Mira, ne croit pas à la thèse du suicide et fait appel au détective privé, Oded Héfer. Homosexuel, parlant de lui au féminin, il vient de s'improviser détective privé.Oded Héfer n'a que cinq jours pour mener l'enquête. Aussi débutant soit-il, il n'hésite pas à affronter les magnats israéliens, armé de sa seule intelligence et de son espièglerie. Il va aussi supporter les propos macho et homophobes du commissaire de police tout en continuant à rechercher le grand amour sur les sites de rencontres gay.Roman fin et divertissant, Secret de Polichinelle joue avec les codes du roman policier tout en plongeant le lecteur dans la société de Tel-Aviv.
Yonatan Sagiv est né en 1979 en Israël. Titulaire d'un doctorat d'études juives de New York University, il est spécialiste du prix Nobel de littérature israélien, Shmuel Yosef Agnon. Il enseigne désormais à l'université à Londres, où il vit actuellement.Secret de Polichinelle est son premier roman. Il a été publié en Israël en 2014.
Immense romancier, David Grossman est aussi un intellectuel d'une rigueur morale infaillible et d'une profonde humanité, dont la voix puissante ébranle régulièrement l'opinion israélienne et internationale. Pour preuve, les onze interventions réunies dans ce volume, qui résument dix ans d'écriture et d'engagement.
Au fil des nombreux thèmes abordés – la recherche inlassable de la paix entre Israël et les Palestiniens, les effets dévastateurs de la guerre sur la société israélienne, le terrorisme, la Shoah et son empreinte persistante sur l'âme juive –, Grossman nous entraîne dans les coulisses de son œuvre littéraire, nous dévoilant combien celle-ci se nourrit du quotidien et de la " situation " (euphémisme israélien pour désigner le conflit au Proche-Orient) ; et, inversement, comment le deuil, l'angoisse existentielle et la violence sous toutes ses formes l'ont incité à écrire.
Au cœur de la réflexion de l'écrivain, une métaphore récurrente, aussi poignante que riche de résonances : la maison – et l'urgence, pour chacun, de retrouver le sens d'un foyer, dont les murs seraient synonymes non plus de séparation mais de rapprochement, d'harmonie, d'échange et de fraternité.
Traduit de l'hébreu par Jean-Luc Allouche et Rosie Pinhas-Delpuech
David Grossman, né à Jérusalem en 1954, est l'un des plus grands romanciers israéliens. Salué par le prix Médicis étranger et le prix du Meilleur Livre étranger du magazine Lire en 2011 pour Une femme fuyant l'annonce, couronné par le Man International Booker Prize en 2017 pour Un cheval entre dans un bar, il est également l'auteur d'essais remarqués (Le Vent jaune, 1988) ainsi que d'ouvrages pour la jeunesse. Lauréat en 2010 du prix de la Paix des libraires allemands, David Grossman est officier de l'ordre des Arts et des Lettres.
Qu'est-ce qu'un Arabe israélien ? Une contradiction vivante.
En s'expatriant aux États-Unis avec sa femme et leurs enfants, le héros de ce roman pensait résoudre le problème une bonne fois pour toutes. Mais sa nouvelle vie est hantée par ses souvenirs de jeunesse, et le mal du pays ne le quitte plus.
Rappelé d'urgence en Israël au chevet de son père hospitalisé pour un infarctus, il se trouve soudain confronté aux multiples mensonges dont sa vie est tissée. Devenu " nègre ", spécialisé dans la rédaction d'autobiographies, il ne cesse en effet de mêler sa propre histoire à celle de ses clients, au point que le réel et l'imaginaire se confondent dans son esprit. Sa jeunesse a-t-elle vraiment été l'âge d'or qu'il décrit ? Comment peut-on demeurer attaché à un pays qu'on a fui volontairement ?
Sayed Kashua explore cette situation riche en paradoxes dans un roman déchirant bien que non dépourvu d'humour. Car l'ironie est parfois le seul remède à la mélancolie.
Traduit de l'hébreu par Jean-Luc Allouche
« J'ai ôté les chaussures à talons que je portais au travail et j'ai grimpé à l'arbre. Sur une branche élevée, j'ai fait des signes de la main, tandis que Salim et Nathanaël, sous moi, chantaient la chanson du sous-marin jaune. Tous les voisins se sont pointés aux fenêtres, les gamins de la ruelle criaient à tue-tête devant le portail. Nathanaël était aux anges. »
Nadia et Salim Yassine, un couple d'Arabes israéliens, ne peuvent pas avoir d'enfant. À leur demande d'adoption, les services sociaux leur attribuent un garçon de huit ans, Nathanaël. Le garçon s'avère autiste. Quand il sort de son mutisme, il chante à tue-tête Lucy in the sky.
Par les yeux de Nadia, une femme à la candeur touchante, Daniella Carmi dresse un portrait loufoque de la société israélienne.
Quand le riche Américain Jeremiah Mendelstrum décide de faire un legs à la Ville des Justes, en Galilée, afin que la municipalité y édifie un bain rituel à la mémoire de son épouse décédée, il ne sait pas encore que ce don va tout changer pour Anton et Katia, nouveaux immigrants russes dans un quartier excentré de la ville. Ni que les vies de la séduisante professeure de clarinette Yona et de Naïm, un jeune Arabe israélien chargé des travaux, seront bouleversées par ce chantier. Ni que leurs chemins croiseront celui de deux anciens kibboutzniks, Ayélet et Moché, venus dans la Ville des Justes après leur retour à la religion mais dévorés par une passion jamais éteinte.
Tous se cherchent, se fuient, se retrouvent - parfois - pour mieux se perdre. Car les personnages de ce truculent roman sont tous en quête de l'autre moitié de leur âme. Mais il est aussi question d'espionnage militaire, de miracles, d'ornithologie, de musique et de religion, des premiers chagrins d'amour et des érections perdues, de pérégrinations en Inde ou au Costa Rica, puis de ces jours de miel que la vie nous accorde parfois, "quand deux êtres humains se rencontrent au bon moment et se transforment en un lieu, un lieu authentique, chacun pour l'autre".
Présents au Yémen avant l'apparition de l'islam, les Juifs y auraient même fait souche depuis l'époque biblique, bien avant la rencontre légendaire entre le roi Salomon et la reine de Saba. Aujourd'hui, les derniers Juifs du Yémen luttent pour leur survie.
Dans l'Antiquité, les Juifs du Yémen sont intégrés dans la population locale, dont ils ont adopté la langue et les moeurs. Ils ont réussi à « judaïser » leurs voisins et on leur attribue l'introduction de l'agriculture, de l'irrigation, de l'orfèvrerie ou de la métallurgie.
Au VIIe siècle, l'expansion de l'islam se déroulant vers l'ouest, le Yémen est relégué au rang de province éloignée. Les califes de Bagdad n'y exercent aucun pouvoir réel, le laissant aux mains de chefs religieux indépendants, sunnites ou chiites, ayant à coeur de soustraire leur population - Juifs compris - à toute influence étrangère.
Ainsi ce pays est-il resté, du début de l'ère islamique jusqu'au XXe siècle, figé dans des structures et des modes de fonctionnement quasi immuables, ceux d'une société hiérarchisée dans laquelle les Juifs occupent le bas de l'échelle sociale.
À partir de sources hébraïques, arabes et européennes, Yosef Yuval Tobi explique la place à part occupée par les Juifs yéménites en terre d'Islam et retrace leur longue histoire dans ce pays, qui s'acheva dans la douleur de l'exode au lendemain de la création de l'État d'Israël.
Noga, harpiste israélienne de l'Orchestre municipal d'Arnhem, aux Pays-Bas, s'apprête à jouer en soliste le Concerto pour flûte et harpe de Mozart, le couronnement de sa carrière. Il lui faut y renoncer lorsque son frère Honi la supplie de revenir à Jérusalem pour occuper le vieil appartement familial afin qu'il ne soit pas récupéré par ses propriétaires avides durant l'absence de leur mère, partie vivre dans une maison de retraite de Tel-Aviv. Lorsque Noga s'installe, son frère lui déniche des rôles de figurante. Elle se prend au jeu, passe de rôle en rôle, libre de toute attache, curieuse de renouer avec un pays et des compatriotes oubliés dans son confortable exil néerlandais. Elle découvre un quartier métamorphosé par les juifs orthodoxes, retrouve un ancien voisin religieux, fait la connaissance d'Eléazar, inspecteur de police à la retraite, éternel figurant du cinéma local, soupirant paternel et platonique. Et voilà que soudain, son passé la rattrape en la personne d'Ourya, son ex-mari...
Quand Mani Péleg disparaît quelque part en Amérique latine, son fils Dori, jeune père de famille en crise, saisit sa chance. Qui d'autre que lui pourrait partir à la recherche de son père, ancien héros de guerre et éminent conseiller économique, dont les dernières nouvelles laissent entendre qu'il n'a plus toute sa tête ?
Au même moment, la jeune journaliste Inbar quitte Berlin, où elle a vainement tenté de se rapprocher de sa mère avec qui les liens s'étaient distendus après le suicide de son frère. Mais au lieu de rentrer en Israël auprès d'un mari qu'elle n'aime plus vraiment, Inbar embarque sur le premier vol en direction de l'Amérique du Sud.
Dori et Inbar vont se croiser, s'apprivoiser, puis retrouver Mani et son utopie de Neuland, une nouvelle terre d'accueil pour les émigrants du monde entier, tout comme la Palestine des années trente attirait les Juifs d'Europe Centrale. C'est Lili qui se fait la narratrice de cette époque : sur le bateau en direction de la Palestine où l'attend son fiancé, elle tombe amoureuse de Fima, le grand-père de Dori...
Neuland, porté par un souffle romanesque impressionnant, nous raconte l'histoire de ces vies qui auraient pu prendre un tout autre cours, le destin de ces utopies que l'on n'ose pas, tout comme la force de nos désirs et de nos regrets.
Après le noir scandinave, place au polar israélien !
Dans un quartier sans histoire de Tel-Aviv, le viol d'une jeune fille met la police en émoi. Pas d'indices, pas de témoins, pas de suspects. Le père de la victime décide de mener sa propre enquête, jusqu'à identifier Ziv Névo comme le coupable. L'affaire serait sur le point d'être classée, sans les doutes du vieil inspecteur Élie Nahoum. Pourquoi Névo refuse-t-il de s'exprimer ? Qui veut-il protéger par son silence ? Le père aurait-il pu forcer sa fille à accuser un innocent ? Entre le policier et le suspect commence un duel sous haute tension, qui va attirer dans son ballet de faux-semblants un jeune avocat idéaliste, le bras droit d'un boss de la mafia et un reporter prêt à tout pour décrocher le scoop de sa vie. Quand un deuxième viol est commis, la quête de la vérité devient une affaire de vie ou de mort...