La scénariste Dora Bessis est prête à tout, en cette année 1987, pour monter un film sur Eli Cohen, l'espion du Mossad qui, dans les années 1960, a infiltré les plus hautes sphères du pouvoir syrien, avant d'être démasqué et pendu à Damas en 1965. Dora le sait déjà, son film s'appellera Le loup de Damas et sera interprété par Robert De Niro dans le rôle de l'espion.
S'entrecroisent alors deux histoires : celle, haletante, d'Eli Cohen dont on souhaite jusqu'au bout que le destin sera différent, et celle, drôle et rafraîchissante, de Dora Bessis qui part à la conquête de la seule vedette qu'elle imagine pouvoir interpréter le rôle principal de son film, Robert De Niro.
Paule Darmon est née à Casablanca. Elle est écrivain, scénariste et journaliste, tout en étant peintre à ses heures. Elle vit à Buenos Aires où elle écrit, peint et danse le tango.
Elle est l'auteure de deux romans :
Baisse les yeux, Sarah (Grasset, 1980)
L'Homme adultère (Presses dela Renaissance, 1985).
Il est médecin dans une petite ville de province. Elle peint pour tromper son ennui. Il rêve d'écrire un roman et de vivre une immense passion. Elle aspire à la liberté. Mariés depuis six ans, un enfant. Gabriel et Elsa, un couple sans histoire. Léonore, Parisienne en vacances dans la région, est l'ex-femme d'un écrivain célèbre. Belle et mystérieuse, elle possède le pouvoir séducteur d'un mirage d'amour et d'aventure. Gabriel tombe amoureux fou. Mais au-delà de cette fascination, Elsa espère que, grâce à l'intruse, sa vie sans surprise va enfin s'animer. Avec une sorte de machiavélisme innocent, elle poussera son mari dans les bras de Léonore. Ce qui doit arriver arrivera. Départs, retours, cris et larmes : quel prix Elsa devra-t-elle payer pour cette liberté qu'elle a tant désirée ? L'homme adultère est un roman violent et passionné, où l'ironie et le désespoir se mêlent à la tendresse. Un roman fort et vrai. Au-delà de l'histoire d'un homme et d'une femme, Paule Darmon, avec finesse et causticité, brosse le portrait de toutes les femmes qui, ni heureuses ni malheureuses, rêvent d'échapper au mariage, et de conquérir une liberté qu'elles ne savent comment apprivoiser.
Un récit désopillant où l'humour juif trouve son expression féminine. Mais livre du refus, aussi : Sarah apprend à vivre et récuse l'image traditionnelle de la femme douce et soumise à laquelle la société, la religion et sa famille exigent qu'elle se conforme.
Néé au Maroc, à Casablanca, dans une famille juive, Sarah se révolte et sa vie se tisse, faite de découvertes, de questions, d'abdications et de révolte. Elle s'emberlificote dans les images de petite fille docile, de jeune fille de bonne famille, de femme amoureuse, d'épouse dévouée et de mère sacrifiée, tombe dans les pièges du chantage affectif de sa famille puis de son mari et ne cesse de lever les yeux, de trépigner, de s'indigner. Elle s'aperçoit qu'une femme de sa génération n'est éduquée que pour passer de l'autorité de son père à celle de son mari. C'est cet itinéraire classique, tracé par avance, dans lequel elle a tant trébuché, que raconte Paule Darmon, dans un style alterte et féroce.
Dans ses tentatives pour sortir du rang, tout en désirant y rester, Sarah nous renvoie une image familière : celle de toutes les femmes enfermées dans leur rôle social, prisonnières d'elle-mêmes et conscientes de l'être, qui ne savent quelles épées fourbir, quel ennemi transpercer, quel combat mener : pour guerroyer, Paule Darmon a choisi les armes de la dérision, de l'anecdote décapante.