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Jean Guehenno
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17 juin 1940
Voilà, c'est fini. Un vieil homme qui n'a plus même la voix d'un homme nous a signifié à midi trente que cette nuit il avait demandé la paix.
Je pense à toute la jeunesse. Il était cruel de la voir partir à la guerre. Mais est-il moins cruel de la contraindre à vivre dans un pays déshonoré? Je ne croirai jamais que les hommes soient faits pour la guerre. Mais je sais qu'ils ne sont pas non plus faits pour la servitude.
Jean Guéhenno a tenu ici le journal de nos communes misères sous l'Occupation, d'un côté en simple témoin, qui n'était pas dans le secret des dieux, de l'autre en professeur de liberté. S'agit-il d'une lointaine histoire qui ne peut plus rien nous dire ou d'événements qui resteront jeunes ? Le livre est dédié à ceux de ses anciens élèves qui se sont engagés à mourir pour que revive la liberté. -
Jean-Jacques, histoire d'une conscience Tome 1
Jean Guéhenno
- Gallimard
- Leurs Figures
- 28 Septembre 2021
- 9782072370137
La matière romanesque de la vie de Jean-Jacques Rousseau est proprement extraordinaire. Cela commence comme un roman de Dostoïevski et finit comme un roman de Kafka.
Ce fils de Genève, de la "nouvelle Sion", qui appartient à la "race des justes", est humilié dès sa jeunesse, obligé de "ramper" et de faire tous les métiers, au reste assez mal ; tour à tour graveur, laquais, maître à chanter, amant, précepteur, secrétaire d'ambassadeur, musicien, polygraphe. À travers les aventures, les échecs, les malheurs et les
hontes, il se cherche jusqu'en 1749. Cette année-là, subitement, sur le chemin de Vincennes, après avoir lu dans le Mercure de France le sujet proposé pour le prix de l'Académie de Dijon, il "vit un autre univers et devint un autre homme". II éprouve une miraculeuse délivrance ; toutes les misères, les offenses s'abolissent dans le sentiment de sa propre valeur. Quelque chose qui avait été semé en lui dès l'enfance et qui ne pouvait pas mourir, en dépit de tout, venait enfin à la lumière.
Pendant les dix années qui suivirent, Rousseau décide de se réformer. II a de la peine à devenir le Diogène du siècle. II vend sa montre, il gagne sa vie en se faisant copiste de musique, mais il se détache mal des grands. Sa vie à l'Ermitage, puis chez les Luxembourg, est confuse. Mais il compose son oeuvre contre le courant, il remet le monde à la fonte, "fait le Dieu", définit un homme nouveau.
En 1762 la publication de l'Émile et du Contrat social ouvre l'histoire de ses malheurs. II est décrété de prise de corps. II fuit la France. Le voilà en Suisse, en Angleterre. II revient en France ; partout où il va, il se sent en surveillance et proscrit. Le monde entier lui paraît ligué
contre lui.
Ce n'est pas un Rousseau que Jean Guéhenno a voulu écrire, mais bien un Jean-Jacques, "touché, nous dit-il, de la même et ironique tendresse avec laquelle ses contemporains firent de son prénom un refrain de chanson et que toujours sans doute on éprouve dès qu'on reconnaît un autre homme que soi-même". -
Changer la vie (1961) est l'autobiographie sentimentale et sociale du fils d'un cordonnier de Fougères. L'enfance fracassée par la pauvreté, l'usine à quatorze ans, la rage d'en sortir par la littérature libératrice qui le mènera au bachot et à la Rue d'Ulm. La beauté conquise n'impose qu'un devoir: changer la vie des autres.
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« On n'écrit pas sans scrupules sous un tel titre. Et pourquoi moi ? Quel droit ai-je à le faire ? Je suis d'une manière très générale plein de méfiance pour les « je », mais plus particulièrement pour le mien, si je puis dire, et, à l'instant de commencer une telle profession de foi, j'espère que mes lecteurs sont dans la même disposition et je les prie de ne voir dans ces déclarations aucun orgueil, aucune vaniteuse assurance, ni surtout aucun désir de séduire qui que ce soit à mes pensées. Il ne s'agit que de chercher ensemble la vérité. Au delà de ma propre foi, je n'ai jamais cessé de sentir que chacun vit comme il peut. Le débat avec soi-même est le plus difficile qui soit et l'honneur d'un homme est souvent à la mesure de cette difficulté même. Ainsi suis-je plein de respect et d'amitié pour beaucoup d'hommes qui croient ce que je ne crois pas ou ne croient pas ce que je crois. Sans doute, quand on croit ensemble, la vie en est plus plaisante et plus chaude. Mais que chacun croie ce qu'il croit, pense ce qu'il pense. J'ai horreur du dogmatisme et du prosélytisme, et je ne me cherche point de disciples. »Jean Guéhenno
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Caliban parle ; conversion à l'humain
Jean Guéhenno
- Grasset
- Littérature Française
- 1 Janvier 1967
- 9782246129295
J'ai été bien souvent tenté de corriger le portrait qu'il plut à Monsieur Renan de faire de moi. Mais quoi que je dise, c'est lui qu'on croira. Les créations des philosophes et des poètes sont plus vraies que la réalité. Caliban il m'a fait et Caliban je resterai. Et pourtant !
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Caliban et prospero suivi d'autres essais
Jean Guéhenno
- Gallimard
- blanche
- 9 Avril 2020
- 9782072143151
"Ce recueil est un de ces livres de bilan qu'on se sent avec l'âge soudain un peu pressé de publier. Si je choisis ce titre - Caliban et Prospero - c'est qu'il résume le mieux aujourd'hui peut-être mes contradictions et mes embarras devant les batailles de mon temps.
Caliban grogne et, toute sa vie, gronde et se cherche en ce grognement. Prospero parle, et quelquefois si bien qu'il semble que sa parole suffise à mettre tout en ordre, le monde et la vie. Entre ce grognement et ce langage paraissent tenir tout le progrès des hommes et toute leur histoire. Mais c'est une question de savoir ce que vaut ce grognement originel, ce qu'il contient.
Je fus proprement horrifié, vers mes vingt ans, quand je lus, dans la liste que Renan a dressée des personnages de son drame, cette définition rapide : "Caliban, esclave brutal et difforme." J'étais né parmi les Calibans et j'étais plein de souvenirs. Ils ne m'avaient pas paru si laids. Dans le monde où j'avais grandi, il n'était vraiment pas facile de parvenir à être, et l'effort même pouvait nous faire grimacer. Mais nous avions entendu le mot "liberté". Il est partout dans l'air du monde. J'ai vu tout au long de ma vie la bataille devenir générale et il m'a semblé que Caliban et Prospero ferait, après tout, un assez bon titre pour ce psychodrame, comme on a dit, pour cette révolution universitaire et culturelle qui se développe depuis l'an passé."
Jean Guéhenno, 1968 -
Ce livre est composé de quatre essais, de deux conférences et d'un "Entretien avec de jeunes journalistes". C'est dire qu'il est varié, tant par les sujets qu'il traite que par la façon dont il les traite. Mais quelque forme qu'emprunte pour s'exprimer la pensée de Jean Guéhenno, elle reste toujours magnifiquement fidèle à elle-même. Les valeurs qu'elle défend, elles, ne varient pas. Dans un siècle où triomphent les superstitions, les obscurantismes, les contraintes de tous ordres, Jean Guéhenno fait entendre un grand langage français : celui qui, tout au fong de notre histoire, a été tenu par les esprits libres.
Jean Guéhenno est dans la lignée des Encyclopédistes, des Révolutionnaires de 1789 et du XIXe siècle. Et ses préoccupations principales sont l'humanisme, la liberté, la noblesse de l'homme, la foi en l'humanité.
Les essais rassemblés dans ce livre racontent les aventures d'écrivains, Voltaire, Renan, Rousseau, et aussi de personnes morales : la France, l'Université, la Presse. Mais on ne sort pas de soi, et il est clair qu'on y retrouvera souvent, en dépit de lui-même, l'auteur et ses réactions aux plus graves problèmes de ce temps. Même il se pourrait qu'aucun de ses ouvrages ne le livre davantage. -
« De tenir son journal on n'a à Paris ni l'idée, ni le temps. Quand on vit si mal, comment trouverait-on du plaisir à se le redire à soi-même? Comment consigner, jour à jour et sans honte, tant de propos, tant de gestes pressés et hasardeux d'une vie toujours frénétique, mais non pas toujours sincère. Mais quand j'arrive dans mon village, il me semble qu'un peu d'ordre se fait en moi. Deux mois, me dis-je, pendant lesquels je me donnerai le temps de vivre. Deux mois! Je crois qu'ils ne finiront jamais. Après cela, repris à chaque instant par la hâte comme par une maladie, il m'arrive de tenir mal ma promesse. Mais les arbres du jardin, les deux cyprès, le frêne, le sycomore, dont la croissance est si lente que d'une année à l'autre je ne la puis saisir, le torrent au bruit éternel, et, à l'horizon, toujours cette colline immuable me rendent pourtant à ce qui en moi ne change pas ou change peu. »
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« J'ai passé une grande partie de ma vie à enseigner. Je dédie cordialement ce livre à mes innombrables collègues, à quiconque fait métier d'enseignement et s'interroge quelquefois sur cette étrange fonction qu'il a de transmettre le savoir et ce qu'il croit être la sagesse de l'humanité. Je pense à tous avec la même sympathie, aussi bien aux plus humbles qu'aux plus célèbres, aux instituteurs qui, dans quelque école de village, pressés par la lourde nature, par la terre épaisse et gluante tout autour d'eux, par les préjugés, les petits intérêts d'une société étroite plus gênée parfois par la raison qu'animée par elle, font pourtant les premières semailles et enseignent à lire aux petits enfants, aussi bien qu'aux maîtres des universités qui, du haut d'une chaire, révèlent et expliquent les dernières conquêtes du génie humain. »
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« La vie que nous avons à changer, c'est la vie telle que nous l'avons laissée devenir par nos faiblesses... Mais je me sens retourner à mon Rousseau, à ma foi au bon sauvage. C'est la condition de tout optimisme. »
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« Me voici assez vieux pour n'écrire plus que pour le plaisir. Pour rien ni pour personne. Pour moi peut-être? Pour voir clair. Je pense à ces papiers chimiques sur lesquels, en les frottant, les enfants font apparaître des lignes et des couleurs. Ils frottent, ils frottent! Quelle bête, quel monstre, quel ange va naître? Nous sommes ces enfants. Nous gribouillons, nous aussi, un papier blanc mystérieux sans bien savoir quelle figure s'y formera, mais cette figure, quelle qu'elle soit, de quelque manière nous révèle à nous-mêmes, et nous continuons, toute la vie, nos gribouillages, tout à la fois impatients et angoissés de nous connaître enfin et de nous voir. »
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Notes
Jean Guéhenno
- FeniXX réédition numérique (Estienne)
- Les inédits Estienne
- 20 Janvier 2023
- 9782307316305
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Discours pour la réception de M. Jean Guéhenno le 6 décembre 1962
Jacques Chastenet, Jean Guehenno
- FeniXX réédition numérique (Firmin-Didot)
- 21 Février 2020
- 9782307047438
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Dans la prison
Cevennes, Jean Guehenno
- FeniXX réédition numérique (Éditions de minuit)
- 6 Novembre 2020
- 9782307181088
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Voyages - tournee americaine, tournee africaine
Jean Guéhenno
- Gallimard
- blanche
- 1 Avril 2020
- 9782072073779
Jean Guéhenno n'était pas un voyageur. Il l'est devenu. Voici le récit, ou plutôt le journal de deux voyages qu'il a faits récemment : ce qu'il appelle sa "tournée américaine" et sa "tournée africaine". Voyages d'humaniste, où l'on voit l'auteur réfléchir longuement sur tout ce qui lui est donné d'observer, et aussi, sous forme d'entretiens et de conférences, apporter aux autres un message français.
Qu'il converse avec Pablo Neruda en Amérique du Sud, ou qu'il inspecte une école au coeur de l'Afrique ; qu'il survole l'Atlantique ou atterrisse à Natal, les préoccupations de Jean Guéhenno sont toujours les mêmes : mieux aimer, mieux connaître l'homme, et servir la culture.
Mais on ne trouvera pas seulement dans ce journal une méditation sur les voyages ; il y a aussi un itinéraire très coloré et très vivant, des pays, des coutumes, des couleurs qui sont mis sous nos yeux avec une verve et une grâce qui font de cette lecture une découverte passionnante de l'homme et de la terre. -
L'évangile éternel ; étude sur Michelet
Jean Guéhenno
- Grasset
- essai français
- 1 Janvier 1967
- 9782246129592
« L'humanisme de Michelet a sa source en ses origines populaires. Il savait, non par ouï-dire, mais d'expérience, ce qu'était la pauvreté. La vie pauvre avait été la sienne pendant vingt années, et les souvenirs qu'elle lui laissa ne cessèrent jamais de nourrir et de fortifier sa pensée. »Jean Guéhenno
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Dernières lumières, derniers plaisirs
Jean Guéhenno
- Grasset
- Littérature
- 25 Octobre 1977
- 9782246053996
"On n'écrit pas ce qu'on veut, dit Jules Renard dans son Journal, on n'écrit que soi-même." Et c'est bien ainsi. C'est tout le devoir d'un écrivain et particulièrement aujourd'hui, dans ce monde où sévissent des modes et les
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"Les textes réunis ici témoignent avec justesse et justice de l'activité de celui qui, sept années durant, fut à la revue Europe, plutôt qu'un simple rédacteur en chef, une sorte de maître d'oeuvre. C'est cet engagement pour ces fameux "droits de l'homme", qu'on redécouvre ces jours-ci, qui le conduisit - lisons les textes - à prendre la tête d'une pétition pour le Viêt-nam - déjà, encore... - ou à être, en 1936, le premier écrivain français à s'interroger publiquement sur les Procès de Moscou. Après son départ d'Europe en 1936 il se consacre à une tâche plus absorbante encore, et sans doute plus urgente, celle d'animer l'hebdomadaire Vendredi, autre bel exemple de périodique intellectuel, cas limite, même, de conjonction entre une mystique et une politique. Jean Guéhenno : celui qui sera bientôt à la fois l'écrivain clandestin des Editions de Minuit et le premier titulaire, à la Libération, de cette Direction de la Culture populaire et des Mouvements de jeunesse qui était comme l'aboutissement, sur le terrain, de quelques-unes des inspirations les plus aiguës du Front populaire." P. O.
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Changer la vie, dont on n'a pas oublié le succès, était un récit pathétique. La mort des autres, que voici, est un livre à la fois violent et généreux, une méditation soignée. La mort des autres, c'est la guerre. Ceux qui ne la font pas mais seulement la regardent faire peuvent seuls en parler sur le ton de la célébration. Cinquante ans après, Jean Guéhenno déclare n'en être pas encore guéri et le ressouvenir des années 1914-1918 commande tout son livre. Le ressouvenir est autre chose que le souvenir. Il implique on ne sait quel ressentiment, quel remords, quelle révolte. On remâche un mal qui n'est plus que le mal. "Je n'ai pas accepté de guérir de la guerre, écrit-il. Je n'ai pas cessé de m'y sentir "engagé". J'en ai gardé la mémoire active, si je puis dire, et toute ma peine a été justement de la voir devenir histoire, un monstrueux conformisme du souvenir, ce "redoutable suffrage universel historique" dont parlait Péguy, des discours, des monuments, des cérémonies... Nous ne supportons que des souvenirs avec lesquels nous puissions vivre."
Ce livre est une protestation contre cette espèce de dégradation. Jean Guéhenno essaie, pour comprendre, de dénouer ce noeud de passions contradictoires, imbéciles que fut la guerre, et cela le conduit à analyser les plus grands témoignages, deux de Jaurès, de Péguy, de Barrès, de R. Rolland, d'Alain, de J.-R. Bloch, de Trotsky, de Lénine, celui de Henri Bouché à qui ce livre est dédié, celui d'un camarade de l'Ecole Normale, tué en 1916, Marcel Etévé. Le livre s'achève par une confrontation, un dialogue de l'homme qu'il est devenu et de l'homme qu'il était en 1915, dans la tranchée, et qui lui demande des comptes. Qu'avons-nous fait, après cinquante ans, pour la paix, pour la guerre de soit plus possible ? -
Journal d'un homme de 40 ans
Jean Guéhenno
- Grasset
- Littérature Française
- 10 Janvier 1967
- 9782246088691
Je suis né dans les années 90 et j'appartiens à une espèce commune de l'humanité. J'ai idée que les auteurs de mes jours ne m'attendaient pas. Ils m'eussent volontiers laissé dans l'autre monde. Mais ils firent de nécessité vertu. Je dus, comme tant d'autres, naître d'une inadvertance. L'erreur n'a pas été pour moi sans gravité, mais je ne songe pas à en tenir rigueur à ceux qui la commirent. J'ai lu trop souvent dans leurs yeux l'immense désir qu'ils avaient que je sois heureux d'être là et de vivre. Et puis la vie elle-même, si mauvaise soit-elle, vous réconcilie avec la vie. Enfin la terre étant un monde habité, il faut bien admettre que ses habitants emploient leurs loisirs à la repeupler. C'est leur plus vrai plaisir.
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Le premier XXI siècle : de la globalisation à l'émiettement du monde
Jean-Marie Guehenno
- Flammarion
- Champs
- 1 Mars 2023
- 9782080423368
À l'heure où le monde semble fragilisé par des bouleversements profonds, quel regard porter sur les premières décennies de notre siècle ? Le "premier XXI e siècle", comme la première version d'un logiciel insuffisamment testé, révèle chaque jour de nouvelles failles. L'individu, qui croyait pouvoir changer le monde, est de plus en plus écrasé par lui. Il a perdu confiance dans la démocratie, et l'utopie identitaire remplace l'utopie politique. Comment en est-on arrivé là dans des sociétés aussi différentes que l'Amérique de Trump, le Brésil de Bolsonaro, l'Inde de Modi ou le Royaume-Uni de Boris Johnson ?
Avec la hauteur de vue que lui confère son expérience dans la haute diplomatie, Jean-Marie Guéhenno va au-delà des explications économiques : la crise des démocraties - à laquelle l'élection de Biden et l'éviction de Bolsonaro et de Johnson n'ont pas mis fin - est une crise des sociétés.
Analysant avec finesse un monde où l'émiettement de la puissance efface les repères et effraie, l'essayiste dresse un constat sombre mais non désespéré. Un autre avenir est possible : une écologie repensée, une nouvelle séparation des pouvoirs, une Europe qui ne cherche pas à être un super-État, sont quelques-unes des voies proposées par ce livre ambitieux et novateur. -
Revue des Deux Mondes mars 2022
Valerie Toranian, Laurent Wauquiez, Marin De Viry, Christian Authier, Renaud Girard, Jean-Marie Guehenno, Bertrand Van R
- Revue des Deux Mondes
- 25 Février 2022
- 9782356502711
Dossier : Michel Houellebecq, politique et littérature Laurent Wauquiez - Michel Houellebecq, notre dernier romantique Grand admirateur de Michel Houellebecq, Laurent Wauquiez explique en quoi ses romans apportent un éclairage lucide et féroce sur la société française. Son oeuvre littéraire vaut toutes les analyses politiques, affirme-t-il : elle reflète l'image de notre époque pétrie d'absurdités et de contradictions. Dossier : La fin du droit d'ingérence ? -> Entretien avec Renaud Girard : « Expéditions occidentales en terres d'islam : attention à l'hubris ! » Correspondant de guerre et géopoliticien, Renaud Girard a couvert pour Le Figaro les principaux conflits internationaux, de l'ex-Yougoslavie à l'Afghanistan. Il revient sur son expérience et dresse le bilan mitigé de différentes interventions occidentales. -> Jean-Marie Guéhenno - Pour un universalisme modeste : l'avenir de la responsabilité de protéger Jean-Marie Guéhenno examine comment le concept de « responsabilité de protéger » a évolué en en détaillant les étapes. Après l'abandon de Kaboul en août 2021, il est nécessaire de fixer une politique étrangère interventionniste moins ambitieuse et plus réfléchie. -> Bertrand Van Ruymbeke - États-Unis : diplomatie et guerre (1898-2021) Bertrand Van Ruymbeke raconte cent vingt ans de diplomatie américaine. D'une politique de neutralité et d'arbitrage, l'Amérique s'est progressivement immiscée dans les affaires du monde au fil du XXe siècle, cherchant à imposer ses normes démocratiques. Aujourd'hui, la donne change. -> Entretien avec Hameed Haami - Le fiasco afghan est dû aux erreurs des Américains et à la corruption du régime Le diplomate Hameed Haami décrit vingt ans de présence américaine dans son pays. Il dénonce l'illusion occidentale du nation building et les malversations du régime en place qui ont conduit à une impasse. -> Dmitri Trenin - Interventionnisme russe : 2021, une année charnière La politique étrangère russe recourt de plus en plus aux outils militaires. Après un tour d'horizon historique, Dmitri Trenin décrypte la stratégie que poursuit la Russie, ses objectifs et ses ambitions. -> Alain Karsenty - « L'ingérence environnementale » : le cas des forêts Face à l'urgence écologique, la question se pose de créer un droit d'ingérence environnemental. Seulement comment articuler gestion internationale et souveraineté des états ? Alain Karsenty s'intéresse aux cas des forêts. Et aussi : TonyCorn,SergeSur,ÉdouardGuillaudetThierryMoulonguet Littérature -> Laurence Debray - L'esprit de Santiago du Chili L'auteure de Fille de révolutionnaires (Stock, 2017) retrace le destin d'une famille chilienne riche et excentrique.
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Plus de vingt ans ont passé depuis cette aventure de la Résistance, qui est celle même d'Annie Guéhenno. Elle la revit ici intérieurement, débarrassée de l'image déformante que l'histoire en a quelquefois donnée et dont les héros mêmes de l'aventure ont pu être dupes.Récit simple, nu et pourtant plein d'événements, où le drame et l'humour se mêlent. Étudiante à Paris pendant l'Occupation, Annie Guéhenno entre dans un mouvement de Résistance (parachutage d'armes) et accomplit toutes sortes de missions à travers l'Ouest de la France. Arrêtée par la Gestapo, elle est enfermée à la prison d'Angers. Elle y passe deux mois au secret. L'aventure prend alors un caractère profondément intérieur. Embarquée dans un train à destination de Ravensbrück. Annie Guéhenno s'évade. C'est la Libération. Elle retrouve une vie sur laquelle elle s'interroge.La réponse que chaque jeunesse se donne dépend, pour une grande part, de ce que fut sa rencontre avec son temps. Pour Annie Guéhenno et ses camarades, l'Occupation et la Résistance furent une épreuve d'eux-mêmes, peut-être une chance. À vivre dans l'anonymat, en marge des habitudes et de la comédie sociale, ils étaient paradoxalement libres et en quelque sorte à nu devant l'essentiel. La mesure de leur vie était la vie même. Quand l'aventure fut finie et qu'il fallut se rajuster à la vie quotidienne, beaucoup d'entre eux furent désemparés. Mais tout cela n'avait pas été vain... En disant très simplement ce que ce fut pour ses camarades et pour elle, Annie Guéhenno a cherché sans doute à " sauver quelque chose de la mort ".