Comment les marchands, les industriels et les technocrates du temps présent en sont-ils venus à s'imaginer que nous pouvions nous passer de poésie ? Sans poètes, pas de mythes et sans mythes pas de société humaine digne de ce nom.
Il ne s'agit pas tant, en l'occurrence, de poésie littéraire que d'une attitude vis-à-vis de l'existence. A cette aune, il est probable, nous assure Grozdanovitch, que nombre de grands poètes n'ont jamais écrit une ligne. Pour tenter de renouer avec cette attitude, celle que nous éprouvions dans l'enfance à contempler les moindres choses du quotidien, il importe de nous déconnecter quelque peu des modes virtuels de la fausse communication.
A sa manière habituelle, vagabonde et érudite, l'auteur nous fait pénétrer dans l'univers enchanté de son anthologie poétique personnelle, fustigeant au passage avec humour les impostures de la poésie fabriquée qui occupe trop souvent le devant de la scène.
Dans le courant de pensée du Small is Beautiful, ce manifeste, en faveur d'une poésie qui donne un sens à l'existence et qui soude les âmes, se veut grain de sable tentant d'enrayer la marche vers l'abîme où nous entraîne un monde gravement menacé par la maladie de l'expansionnisme et l'oubli de la beauté.
Vivre à son propre rythme, lire des auteurs oubliés, jouer au tennis sans esprit de compétition, faire la sieste au fond du jardin, contempler un vol de grues, repenser aux rêves de la nuit : autant d'expériences mystérieuses que le bruit assourdissant de la planète rend aujourd'hui presque impossibles.
Dans l'esprit du Petit traité de désinvolture, L'art difficile de ne presque rien faire aborde avec un humour délicieux l'une des questions insolubles de l'existence : comment préserver la jouissance de l'instant? Quelque part entre la sagesse chinoise du tao et le désir d'enfance, avec un scepticisme assumé face aux délires de la consommation ou du sport-spectacle, Denis Grozdanovitch nous invite avec une poésie quotidienne et lumineuse sur des sentiers qui ne mènent nulle part.
« Bien que lecteur et joueur de balles assidu dès mon plus jeune âge, j'ai fini par découvrir que le jeu d'échecs surpassait tous les autres en raison du pouvoir qu'il a de nous plonger au plus profond du rêve. Dans ce livre, je raconte comment, dans ma jeunesse, après avoir échappé de justesse au danger de l'enfermement mental qu'il peut aussi induire, j'ai fini par apprendre à m'en servir comme d'un moyen très sûr de traverser les périodes difficiles de l'existence, ce qui m'a été d'un secours providentiel.
Outre ce pouvoir d'évasion, j'essaie de montrer dans ce livre en quoi la compétition échiquéenne constitue tout à la fois une excellente école de circonspection dans nos jugements, une pierre de touche de l'exactitude de nos raisonnements, et une précieuse ouverture sur la connaissance de soi-même.
Chemin faisant, j'en profite pour brosser les portraits de divers joueurs passionnés dont les éventuelles prouesses intellectuelles - du moins dans le cas des meilleurs - s'allient à des manies hautement excentriques, offrant ainsi un spectacle baroque où l'aspect comique le dispute au pathétique.
Enfin, j'essaie de mener une réflexion sur la fonction sociale du jeu, dont il me semble qu'elle pourrait nous montrer la voie d'une convivialité nettement plus enviable et chaleureuse que celle qui nous est proposée par l'esprit résolument utilitariste et planificateur qui a commencé de désenchanter le monde d'aujourd'hui. »
Dans ce livre, au prétexte de chercher l'articulation entre le singulier et le multiple, Denis Grozdanovitch en vient à brosser le portrait de quelques excentriques approchés au cours de son existence, et à esquisser le profil de nombreux autres rencontrés au fil de ses lectures. Cette énumération est, selon sa manière habituelle, farcie d'anecdotes. Elle donne l'occasion d'examiner les phénomènes de l'excentricité et du dandysme au sens ordinaire et de découvrir, au passage, que les deux attitudes sont souvent antithétiques.
Cependant, ce livre offre surtout l'opportunité de déceler chez beaucoup d'artistes, d'écrivains ou de figures publiques notoires (du passé et du présent), ce qu'il nomme un dandysme minimaliste, c'est-à-dire un dandysme non flamboyant et plutôt dédié à une sorte de repli hautain dans l'ombre et le secret - à l'image du personnage de Huysmans, des Esseintes, lequel passe du dandysme classique à une attitude de retrait mondain.
A travers ces évocations, se dégage une dimension morale qui, pour être souvent inaperçue, du fait de sa modération, n'en est pas moins perceptible. Ce livre fait donc allusion bien sûr au phénomène du dandysme classique (Brummel, Oscar Wilde, Huysmans, Baudelaire, Barbey d'Aurevilly).
Cette galerie commence par évoquer les figures de nombre d'excentriques japonais et chinois - adeptes du taoïsme et du zen - puis enchaîne sur celles de personnages occidentaux tels que le philosophe Wittgenstein, Henri-Frédéric Amiel, Léautaud, Charles Albert Cingria, Verlaine, Rimbaud, T.E. Lawrence, Corto Maltese, Don Quichotte, Lord Byron, le comte Potocki, le Prince de Ligne, Casanova, Borges, Drieu la Rochelle, Maurice Ronet, Arthur Cravan, Albert Cossery, Duchamp, Andy Warhol, Fernando Pessoa, Bartleby, Hemingway, Fitzgerald, Henry Miller, Allan Bloom, Cyrano de Bergerac et quelques autres...
Viennent ensuite des pages consacrées au dandysme féminin où apparaissent les figures de Mme du Chatelet, George Sand, Colette, Karen Blixen, Anne-Marie Schwarzenbach, Virginia Woolf, Vita Sackville West, Rachel Bespaloff, Gabrielle Roy, Louise Brooks et Alexandra David Néel.
Comme dans les précédents ouvrages de Denis Grozdanovitch, alternent ici les passages relativement méditatifs avec les portraits vécus - lesquels sont autant de récits ou de nouvelles intégrés à l'ensemble.
D'une façon générale le livre se présente comme une dérive au long d'un même thème et s'efforce d'éviter le piège du didactisme trop appuyé ou de l'exposé académique.
Voici une flânerie savante, drolatique, philosophique et éclectique au pays très peuplé de la bêtise.
Denis Grozdanovitch, disciple zélé de Flaubert, en propose une cartographie minutieuse où, de Molière à Beckett, de Goldoni à Marivaux ou à Sartre, les sots, les imbéciles et les idiots n'en finissent pas de donner la réplique aux « intelligents » qui sont souvent aussi bêtes qu'eux.
Il est ici question d'innocents de village, de querelles talmudiques, de non-sens métaphysiques. Et du théorème de Gdel, de Monsieur Teste, de Pierre Dac, de fantômes stupides, de robots joueurs de football et d'« experts » particulièrement navrants.
La morale de Grozdanovitch ? Un génie à l'apparence idiote dort en chacun de nous et il suffit que la fortune assistée d'une certaine qualité de volonté personnelle nous aide à le libérer de son infériorité supposée pour qu'il se transforme en enchanteur.
Ce livre est un vrai bijou d'érudition et de charme.
On y réfléchit en souriant.
On s'y amuse avec gravité.
Découvertes inattendues, rencontres singulières, coïncidences troublantes : au cours de nos vies, l'essentiel arrive souvent par hasard. Dans une promenade où se croisent les souvenirs familiaux, les exploits sportifs et un riche bagage littéraire, Denis Grozdanovitch nous invite à desserrer les contraintes d'un esprit trop rationnel. Depuis les prouesses au tennis de Roger Federer jusqu'aux présages dont semblent parfois porteurs les animaux - que ce soit dans nos rêves ou dans la réalité -, en passant par la réapparition d'objets que l'on croyait perdus, l'auteur sait mélanger la grande histoire et l'anecdote, le plus anodin et le plus profond. Avec humour, il nous initie à ces curieux concepts que sont la sérendipité, art des trouvailles inopinées, l'happenstance, don d'être au bon endroit au bon moment, ou encore le lâcher-prise, secret de certains champions, grands scientifiques et autres joueurs d'échecs. Alliant l'impertinence du franc-tireur et les merveilles d'une libre érudition, il nous invite à d'autres raisons de vivre que celles que nous offre un monde stérilisé par la technique.
Une nonchalance et une drôlerie inimitable.
Amérique, Grèce, Tasmanie, Russie, Irlande, Italie... Denis Grozdanovitch nous propose un véritable tour de la planète pour nous faire goûter ses rêveries et ses bonheurs de gourmet curieux de tout et attentif au moindre détail. Sans se départir de son sourire, toujours en compagnie des auteurs avec lesquels il aime flâner et regarder le monde, il n'hésite pas à mettre à son menu des anecdotes osées, véritables petits chefs-d'oeuvre d'humour noir.
L' " Exquis d'écrivain " de Denis Grozdanovitch recense, avec une minutie réjouissante, émerveillements et sensations dans un " autoportrait en gourmandise " marqué par une nonchalance et une drôlerie inimitables. Des saynètes de l'enfance aux aventures risquées dans les bars après les tournois de tennis, de la fascination pour une tasse de thé aux hypoglycémies d'un champion, il réussit admirablement à transformer le lecteur en complice et ami.
" ...Nous étions en train de nous échauffer, une fois de plus, sur les mérites comparés de nos auteurs de prédilection, sur nos rejets et nos engouements passagers, lorsqu'elle m'avait demandé à brûle-pourpoint si j'avais toujours l'intention, comme elle avait cru le comprendre, de me lancer dans une entreprise romanesque.
– Dans la vie réelle ou sur le plan littéraire ? lui avais-je demandé à mon tour en toute mauvaise foi afin de me donner le temps de réfléchir. "
Répondant à une invitation, le narrateur se rend dans une résidence d'écrivains située prés de Florence. Une aristocrate italienne règne sur cette communauté très cosmopolite, agitée par les manies de ses pensionnaires.
Ce voyage, ce séjour ne sont que le prétexte d'une série de rencontres qui lui permettront – du moins l'espère-t-il – de combler l'inaccompli de son existence. Mais le sens véritable de sa quête ne lui apparaîtra qu'au terme de son périple, lorsque son chemin croise à nouveau celui d'une femme qu'il croyait à jamais perdue.
La Secrète Mélancolie des marionnettes est un livre où les débats d'idées se mêlent aux jeux de séduction auxquels se livrent les protagonistes – occasions de savoureux marivaudages qui rappellent ceux des films d'Eric Rohmer, auquel ce livre est d'ailleurs dédié. C'est le premier roman d'un auteur surtout reconnu jusque-là pour ses textes courts et incisifs combinant de façon inédite érudition et vision tragi-comique du quotidien.
Avec ce récit élégant, au charme intemporel, Denis Grozdanovitch montre qu'il sait aussi manier l'ironie avec brio.
De livre en livre, Denis Grozdanovitch s?est imposé par l?originalité de son ton, la singularité de sa perception. Un écrivain aux aguets de l?insolite, admirateur de John Copper Powy et de Proust comme de Rod Laver et Roger Federer. Depuis l?âge de 15 ans, en parallèle à une superbe carrière de tennisman, de professionnel de jeu de Paume et du squash, il tient des petits carnets, couverts - entre autres - de notes, de réflexions, d?observation sur ce que lui inspire le tennis ou tout autre jeu de balle. Car de ce face-à-face entre deux joueurs, entre deux équipes, c?est d?une certaine façon une vision du monde et de ses équilibres, des hommes et de leur commerce qui se révèlent. Quelles réflexions peuvent déclencher un affrontement sur la terre battue : sur le courage, l?obsession, la rouerie ? Y a-t-il un art de l?intox pour saboter le jeu d?un rival? la force d?un ennemi ? L?enseignement doit-il être considéré comme un sacerdoce quand la part de la psychologie se révèle plus importante que la technique ? Pourquoi l?esprit d?équipe est-il aussi important en sport que dans l?Histoire et dans la vie ? En une dizaine de textes - où selon son humeur, il se révèle philosophe, physicien, psychologue ou juste amoureux du sport - De l?art de prendre la balle au bond est un authentique traité de plaisir, d?apprentissage, d?humour.« Quand la balle arrive, pour bien la renvoyer, il faut la prendre au centre du tamis. En littérature, c?est pareil. Si vous vous trompez sur le détail significatif, ça ne résonne pas », affirme l?auteur avec qui on peut être sûr que la balle est frappée au centre ? et avec inspiration.