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Christophe Donner
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« Trente ans après L'Esprit de vengeance, qui évoquait mes sentiments envers mon grand-père, Jean Gosset, le temps était venu de chercher à savoir pourquoi cet homme s'était engagé dans la Résistance, qui le conduirait au camp de concentration de Neuengamme où il allait mourir. Les réponses, c'était son père qui allait me les fournir. »C.D.
L'enquête s'emballe quand un trésor est découvert dans les archives familiales : lettres, journaux intimes, articles de presse, manuel d'escrime, de la main d'Henri Gosset, le père de Jean. C'est l'étincelle qui fait exploser le réel, et le romanesque s'impose autour du personnage de Henri et de sa correspondance, qui nous font remonter à la fin du XIXème siècle, jusqu'aux racines de l'antisémitisme français et à son « patient zéro », Edouard Drumont. Si Henri Gosset, en arrivant à Paris, en 1892, à seize ans et demi, n'a pas rencontré l'auteur du best-seller haineux La France juive, il a en revanche très bien connu son disciple et successeur, Léon Daudet, le fils du célèbre écrivain. Léon initie Henri à l'antisémitisme et lui présente le professeur Bérillon, praticien réputé de l'hypnose, fondateur de l'Ecole de psychologie dont Henri devient un des professeurs et son trésorier. Mais les mauvaises fréquentations d'Henri ne l'empêchent pas de tomber follement amoureux d'une jeune institutrice anarchiste, Marcelle Bernard. De l'union de ces extrêmes naîtra Jean Gosset...
Léon Daudet, Edouard Drumont, Charles Maurras, les leaders anarchistes Gustave Hervé et Almeyreda, Clemenceau, Caillaux, le directeur du Figaro Calmette, Dreyfus, Zola, Jules Bonnot, Jean Jaurès et tant d'autres, c'est une humanité grouillante et furieusement vivante qui habite La France goy. La fresque couvre les deux décennies qui précédent la première guerre mondiale. L'époque est féroce, avec ses scandales (Panama), ses campagnes de diffamation contre les Juifs, les capitalistes dénoncés comme espions par L'Action Française, les procès, les grèves, les attentats anarchistes, et les duels au petit matin blême... Au carrefour de tous ces complots, la presse, corrompue par la politique et inversement, la littérature, le théâtre, et même du cinéma puisque c'est de cette tourbe que naîtra le cinéaste Jean Vigo. Avec ce roman, Christophe Donner suggère une histoire de France hantée par une « question juive » qui déterminerait plus que ce qui a été dit. Il découvre à travers la saga familiale une haine des Juifs, ancestrale, qui se réinvente en antisémitisme, se déchaîne, et participe à l'inexorable montée des nationalismes qui entraîneront l'Europe dans la Grande Guerre. -
Ce que faisait ma grand-mère à moitié nue sur le bureau du général
Christophe Donner
- Grasset
- Littérature Française
- 11 Janvier 2023
- 9782246813224
Le roman de Christophe Donner commence en 2020, quand il fait la connaissance d'un oligarque russe, Otto Zorn, magnat du numérique et grand collectionneur d'art conceptuel qui lui achète l'ensemble des fichiers vidéo du roman qu'il est en train d'écrire. Ces milliers d'heures d'enregistrement, capturées par un des logiciels de son ordinateur, contiennent ainsi l'intégralité du processus de création de l'écrivain. L'oligarque et l'écrivain viennent de créer le plus gros NFT (Non-funginble token) littéraire de la jeune histoire du métavers.
Ce livre n'est autre qu'une suite de La France goy pendant l'entre-deux guerres, avec une spirale qui tourne autour de trois axes : l'axe familial (le Dr Henri Gosset, arrière-grand-père de l'auteur), l'axe Léon Daudet et son fils Philippe (dont Henri Gosset fut le médecin), l'axe Pétain/De Gaulle.
Trois histoires oedipiennes où des fils tuent des pères...
Christophe Donner nous explique ici pourquoi Léon Daudet, le fondateur de L'Action Française, leader charismatique de l'extrême droite, royaliste, antisémite, antidreyfusard incorrigible, élu député de Paris, n'est jamais devenu le Mussolini, le Franco, le Hitler qu'il ambitionnait de devenir. Il raconte comment c'est le fils de Léon Daudet, Philippe, alors âgé de 14 ans, qui va briser cette ambition. Au terme d'une fugue des plus insensée, l'adolescent décide d'aller assassiner son père Léon Daudet en criant Vive l'anarchie ! Armé d'un revolver, il renonce en chemin et se tire une balle dans la tête. Mais par ce geste sidérant, sacrificiel, Philippe aurait sauvé les Français d'un fascisme européen qui, au milieu des années 20, n'aurait rien eu à envier à celui de ses voisins.
Ce livre virtuose frappe à la porte d'une histoire de France qui n'avait jamais été racontée de cette façon. Quant à savoir ce que faisait la grand-mère maternelle, à demi-nue, sur le bureau du Général, c'est le suspens par lequel l'auteur finit de tisser son intrigue, et maintient son mécène, et ses lecteurs, en haleine. -
Le jeu hante la vie des hommes depuis la nuit des temps. Il y a ceux qui parient, ceux qui font parier les autres, sans qu'on puisse savoir lesquels perdent le plus, lesquels sont les plus fous, et à quoi ils jouent, en vérité.
Pour tenter de répondre à ce mystère, Christophe Donner plonge au coeur du XIXième siècle, à la naissance de la société de loisir, lorsque l'ancestrale passion du jeu s'empare des courses hippiques. Surgissent deux hommes d'affaires de génie, Joseph Oller et Albert Chauvin, qui se livrent une bataille sans merci en amassant une immense fortune. Dans cette fresque post balzacienne, on croise quelques grandes figures de l'époque, Lord Seymour et Eugène Sue, Henri Rochefort et les frères Rotschild, mais aussi la Goulue, Toulouse Lautrec, Emile Zola, jusqu'à Marcel Boussac et Monsieur X.
Voici le grand roman sur le jeu, un jeu qui aura résisté aux guerres, aux révolutions et aux modes, que l'on peut voir comme un vice, un délire, un plaisir ou un art, mais qui s'est imposé comme une passion française. -
« J'ai la satisfaction de pouvoir t'annoncer enfin, qu'à l'aide du perfectionnement de mes procédés je suis parvenu à obtenir un point de vue tel que je pouvais le désirer (...) L'image des objets s'y trouve représentée avec une netteté, une fidélité étonnantes, jusque dans ses moindres détails, et avec leurs nuances les plus délicates. »
Nicéphore Niépce
« Messieurs, je viens vous annoncer une bonne nouvelle : la voix humaine s'écrit elle-même. »
Édouard-Léon Scott de Martinville
En capturant l'image et en reproduisant le son, les inventeurs de la photographie et de la phonographie ont changé le monde. N'ont-ils pas pris le risque, aussi, de ressusciter les morts ? Sinon, par quel maléfice Nicéphore Niépce et Scott de Martinville ont-ils été privés de la gloire et de la fortune qui leur étaient promises ?
C'est le mystère de cet empêchement, caché dans leurs vies intimes, que dévoile ce roman. -
Quatre idiots en Syrie
Christophe Donner
- Grasset
- Littérature Française
- 6 Novembre 2019
- 9782246822806
Ils sont quatre, comme les Dalton. Quatre Français, un vidéaste, un photographe et deux écrivains, invités par un improbable « Festival du cheval » à Damas, en Syrie. Ils sont tellement flattés d'être parmi les rares Français à pouvoir fouler le sol de cette patrie ravagée par la guerre depuis huit ans, qu'ils sont prêts à tout pour assouvir leur passion du cheval. Prêts à ce qu'on les fasse passer pour ce qu'ils ne sont pas. Prêts à rencontrer les dignitaires locaux et avaler leurs discours patriotiques d'un autre temps. Prêts aussi à se laisser corrompre par le régime de Bachar el-Assad et à servir d'« idiots utiles », comme au bon vieux temps de Staline, Mao et autres Castro ? Là, ça coince un peu. Mais ils se croient protégés par l'ironie, par l'amour du cheval, ils ont la curiosité en guise de passeport, avec le visa inattaquable de l'impartialité. La réalité du pays va les entraîner dans un mensonge des plus loufoques au cours duquel la question se pose : est-ce qu'on a bien fait d'aller en Syrie ? Certainement pas... sauf si l'un des branquignols rapporte de ce voyage supposé servir la propagande du régime une sotie parfaitement incorrecte qui montre que le roi est nu...
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Ce magnifique roman peut se lire comme une sorte de « Recherche du sexe perdu » contemporain, miniaturisé et recomposé.
Premier mouvement, une manière de « Temps retrouvé » dans une veine comique : les symptômes d'un écrivain hypocondriaque qui finit par se rendre vraiment malade de ne pas parvenir à achever son roman Sexe commencé il y a vingt ans...
Flashback « du côté de chez Moïse », de Sodome et de Gomorrhe : la rencontre avec Moïse, un jeune Mexicain avec lequel Christophe va traverser mille et une nuits de stupre et de luxure dans les boxons de Mexico, avant de ramener son trophée aztèque à Paris pour le « sauver ».
Succèdent « Le prisonnier » et « Moïse disparu » : l'amour-passion dans la claustration, la trahison, la jalousie, la rupture, le désamour...
Seul, libre et dévasté, Christophe rencontre une femme. Un autre amour, une autre sexualité: voici soudain, contre toute attente, « Le côté de Dora » ! Un corps de femme à découvrir, un mariage, une famille libanaise, une mère bigote qu'il faut emmener se faire bénir par la Pape... et les souvenirs de la prime adolescence qui resurgissent, avec les amis d'enfance détruits par leur ogre de père pervers.
Des backrooms de Mexico à Saint-Pierre de Rome, du crime pédophilique originel à la castration symbolique de l'écrivain valétudinaire, de Moïse à Dora, le sens de cette épopée tient tout entier dans un mot sans article et sans adjectif, qui mène le monde : Sexe. -
: « Un beau matin, Simon Lechinar appelle Henri Norden pour lui demander d'écrire un scénario de film sur Louis XVII. Henri ne sait pas qui est Louis XVII, mais pendant que Simon Lechinar lui explique que sa fille productrice ne désire rien de plus que de produire un film sur Louix XVII, Henri a le temps de regarder dans le Petit Robert où il découvre que Louis XVII est le fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, et qu'il est mort dans la prison du Temple à l'âge de dix ans, en 1795. Des théories sur Louis XVII, il y en a eu des dizaines depuis deux siècles, à travers leurs approximations, leurs erreurs, leur utilisation partisane, ces légendes rendent compte de l'interdit qui pèse sur l'histoire de France depuis la Révolution française. Royalistes et révolutionnaires s'accordent à faire silence sur un crime dont ils portent les uns et les autres la responsabilité. La mort du petit roi n'est pas un dommage collatéral dans le vent inévitablement violent de l'Histoire. D'après Henri, Louis XVII est l'enjeu principal de la Révolution. Tout ce qu'il découvre lui montre qu'à l'époque, tout tournait autour du destin de cet enfant. C'est seulement après que les historiens, les politiciens, chacun à leur façon se sont évertués, pour des raisons diverses, à en réduire l'importance, en nier la réalité, jusqu'à n'en plus parler du tout. Les historiens, dit Henri, ont laissé à quelques hurluberlus survivantistes le soin de ridiculiser une affaire qui est en fait le secret d'Etat le mieux gardé de notre histoire. C'est sans doute sa méconnaissance presque complète du sujet qui met l'innocent scénariste sur une piste que personne n'a encore explorée. Sa démarche se résume en une question pourtant fort simple : Qui a tué Louis XVII ? Jacques-René Hébert, répond Henri. Hébert, le fondateur du Père Duchesne, pamphlet périodique le plus odieux et le plus lu sous la Révolution. Reparler de l'enfant du Temple, et au-delà de l'émotion suscitée par ce destin atroce, faire remonter à la surface de notre conscience le passé sacrificiel sur lequel notre société française, laïque et républicaine, vacille aujourd'hui, telle est la tâche que s'est fixé Henri Norden ; il veut rappeler dans un film à dix millions d'entrées, que le « sang impur », qui abreuve le sillon de notre hymne national, c'est aussi celui d'un enfant martyr. La différence entre Henri Norden et moi, c'est que je ne suis pas fou : à aucun moment, je n'ai pensé que ce film irait au bout. J'ai toujours su que j'écrirais finalement un livre sur Louis XVII. Parce que j'ai vraiment été élevé dans l'imminence d'une révolution finale dont je serais le chef. Les livres que j'ai écrits ont raconté la vie de cet enfant en révolte. Puis de l'adulte en révolte contre la révolte. Mais la sortie de ce cycle vicieux, c'est le roi des enfants-rois qui me l'a signalé : il a fait de son cachot une chapelle expiatoire. » C.D.
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L'influence de l'argent sur les histoires d'amour
Christophe Donner
- Grasset
- Littérature Française
- 3 Novembre 2004
- 9782246652298
« Les chevaux ne sourient pas, mais Karma des Êtres avait une sorte de sourire, c'était dans son allure, ce petit trot déhanché, avec une souplesse que je qualifierais de malicieuse... Je suis descendu jouer parce que j'en étais sûr, j'avais en moi cette densité de conviction qui ne me trompe jamais. »
Christophe est doublement amoureux : d'abord de sa femme, Lucia, à qui il a irréalistement promis d'offrir un coûteux manteau vert pâle avec un col de vison, mais aussi d'un cheval, un trotteur malhabile, taillé en "fer à repasser", nommé Karma des Êtres, en qui personne ne croit, sauf Christophe. Miracle de l'amour ? Comment acheter un manteau de 3000 euros quand on n'a pas le premier sou ? En conciliant le hasard du jeu et la puissance de la conviction ? Et si la passion était aveugle ?
Le récit de Christophe Donner, dont on sait qu'il est un amateur de courses et de chevaux, est une fable réaliste sur l'argent autant qu'une comédie menée au trot enlevé où les parieurs exaltés, les lecteurs de Paris-Turf, et les promeneurs des hippodromes ont tous le même rêve : gagner, enfin ! -
« Ma méthode d'écriture, c'est de regarder les choses sans indulgence, avec cruauté s'il le faut, et d'insister jusqu'à ce qu'apparaisse le côté comique de ces choses... Je pousse le vice jusqu'à exiger de mon éditeur qu'il inscrive le mot roman sur la couverture de mes livres. Mais le réel est une eau qui s'infiltre partout. »
Ainsi Christophe Donner nous parle-t-il de son dernier livre. Alors, vrai roman ou fiction apparente ? Bang ! Bang ! montre Martine Victoire dans tous ses états : une héroïne du cinéma populaire qui jure comme un charretier, s'ouvre les veines, boit jusqu'à en oublier les limites de la décence, ravage malgré elle sa famille et sombre dans des amours perdues. Le narrateur, mari désabusé de Martine Victoire, partage avec Christophe Donner sa passion hippique. Il décrit sans indulgence une coterie d'êtres humains qui tournent autour de Martine Victoire : un peintre misanthrope, un acteur adoré des jeunes tant pour sa beauté que par le supplice qu'on lui a infligé en lui enlevant un bras, une adolescente mûre qui accepte de voir sa mère, star déchue, dans les bras d'un pompiste trop beau... Mieux vaut aimer les chevaux.
Caustique, cruel, féroce, souvent très drôle, mais aussi d'une étrange tendresse, Christophe Donner poursuit ici la Comédie Humaine de nos contemporains. -
Je ne m'attendais pourtant pas à ce dialogue entre Madame le Ministre et Joël Quiniou, mon oncle, mais au bout de deux ou trois minutes la conversation a glissé vers des choses très belles, très sensibles. - Je suis parfois tellement triste, a-t-il dit. Et en effet, on l'imaginait sur la pelouse de n'importe quel stade immense, avec cette foule hurlante qu'il n'entend plus, sa solitude et sa tristesse au moment où il vient de se rendre compte qu'il a fait une erreur. Ce qu'on appelle une erreur d'arbitrage. Mais il en va du football comme du reste : les injustices ne se rattrapent pas. Il faut rester le doigt tendu vers le ballon, intraitable, avec cette sensation, là, seul contre tous, cette sensation que j'éprouve moi aussi en écrivant toutes ces horreurs sur ma famille, sur mon oncle : l'exaltation du doute. Il s'agit aussi d'acquérir une certaine réputation. La réputation est une affaire de temps, rien de plus. Combien de temps a-t-il fallu à mon oncle pour faire comprendre aux footballeurs qu'il n'y avait pas d'arrogance dans sa manière de revendiquer ses fautes, mais au contraire une humilité extrême. Combien de temps et comment il a fait, voilà ce qu'il faut raconter.
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Le Voile, le visage, l'âme
Christophe Donner
- FeniXX réédition numérique (Pocket)
- 10 Décembre 2015
- 9782402012973
Dans le miroir d'un café new-yorkais, se reflète le hideux visage d'Harriet, défigurée dans un accident de voiture. En lisant un article du « New York Times », elle apprend qu'à des milliers de kilomètres de là Zelda, une jeune Égyptienne violée, déshonorée et condamnée par ses frères, subit elle aussi le pire des martyres. Qu'ont en commun ces deux tragédies ? Pourquoi ce calvaire lointain émeut-il l'Américaine jusqu'au plus profond de l'âme ? En secret, elle décide de partir à la rencontre de Zelda. Au rendez-vous de la laideur et de la souffrance, ces deux mortes vivantes vont tenter de réapprendre à vivre et à aimer en pleine lumière.
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"Me suis-je jamais révolté contre l'imagination ? Non."
Né en 1956, aucun diplôme, Christophe Donner a débuté dans le cinéma comme acteur, puis comme monteur. Il commence à raconter sa vie vers l'âge de vingt ans et publie son premier roman chez Fayard, Petit Joseph.
Signant de nombreux livres pour tous les âges, il est déjà l'auteur d'une oeuvre très importante. On retiendra parmi la liste des volumes parus : Giton, l'Esprit de vengeance, Les Maisons, Retour à Eden et Quand je suis devenu fou. Avec Contre l'imagination, il publie son premier manifeste littéraire. -
Le narrateur ? Christophe Donner lui-même, qui écrit : "On dira que ce livre est narcissique : tant pis - si le narcissisme est l'art de se changer en fleur". On le trouve d'abord en Russie, où il commence un film : dernier défilé du 1er mai et "adieu" des communistes, description des lieux de drague, des tapins misérables, d'une pauvresse qui connaît Pouchkine par coeur, de la violence qui règne dans les boîtes de nuit, de la vie dans les kolhkozes... Après la Russie, l'Inde, ses ashrams, ses gourous - qui en prennent pour leur grade. Regards surprenants jetés sur une civilisation que, très souvent, on ne connaît que par ouï-dire. Mais pour le principal, le roman passe dans les lettres d'amour que Donner adresse à un Nicaraguayen resté à Paris. Un mot qu'il cite ici, de saint Augustin, pourrait le définir : "En effet, le poids entraîne le corps, comme l'amour entraîne l'esprit, où qu'il l'entraîne". De plus en plus, Donner apparaît comme un écrivain "scandaleux" chez lequel domine, de façon primordiale, le sens de l'éthique.
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« Je suis sorti de la maison au petit matin, j'ai marché à grands pas sous les platanes du cours Mirabeau, sans pouvoir m'empêcher de sourire.
Une chose m'apparaissait sûre et certaine : je n'étais plus le même. Je venais de passer la nuit dans le lit d'une femme, à l'embrasser, la serrer, la baiser, car si cette nuit n'avait pas été celle de l'accomplissement de l'acte sexuel, elle n'en avait pas moins été une nuit d'amour, entière, complète, jusqu'au petit matin frisquet, le reste n'était qu'une question de vocabulaire : est-ce que nous avions fait l'amour ? C'est ce qu'il me semblait puisque j'étais amoureux. »
Christophe entre dans les années soixante-dix et dans l'adolescence bercé par les idées révolutionnaires de ses parents divorcés, entre qui il va et vient, et la découverte angoissante d'une sexualité dévorante, obsessionnelle. De Paris à Saint-Tropez en passant par la Tunisie, l'adulte qu'il est devenu égraine les souvenirs d'une jeunesse douce-amère à travers le prisme de ses aventures sexuelles.
De brefs chapitres qui sont autant de souvenirs, paysages, odeurs, mêlent la voix de l'enfant précoce et de l'auteur qui, quarante ans plus tard, observe avec tendresse et cruauté ce Christophe d'une autre époque. L'école, la famille, la révolution, les vacances, la mer. Autant d'éléments de décor aux scènes que se remémore Donner avec ce court récit, très intime, qui montre le film irréalisable de sa vie, entre 13 et 15 ans, quand l'amour s'apprenait dans les tourments du sexe.
Un récit effronté, émouvant, drôle, cinématographique : Visconti croisant Pialat -
L'Europe mordue par un chien
Christophe Donner
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Majeur
- 7 Décembre 2018
- 9791036909375
"Quelques semaines après les événements qui avaient bouleversé les pays de l'Est, l'Union nationale des étudiants de France (UNEF-ID) décidait d'affréter un train de quatre cent quatre-vingts étudiants, en vue de fraterniser, en quelque sorte, avec ces nations fraîchement libérées. Le train s'appellerait le Train de la Démocratie et traverserait l'Europe jusqu'à Bucarest en dix jours et dix nuits.
Informé de cette initiative, j'allai trouver les responsables de l'UNEF-ID et leur proposai d'écrire le livre du train.
Ils ont bien voulu accepter ma présence et je veux ici les en remercier." -
Vers l'âge de dix-sept ans, quand il a commencé à vouloir devenir écrivain, Christophe Donner pressentait qu'un jour il lui faudrait écrire ce livre sur Jean Gosset, son grand-père, philosophe, héros de la Résistance, mort au camp de concentration de Neuengamme à l'âge de trente-quatre ans. Ce qu'il ne savait pas, c'est que cet homme, avec une ironie d'outre-tombe, n'allait cesser de placer ici et là, tout au long de la vie de son petit-fils, des coïncidences stupéfiantes qui seraient comme autant de signaux pour l'amener en Sicile, afin d'écrire ce livre. Le jeune écrivain est enfin à sa table, mais les fictions prévues se révèlent incapables de rendre compte d'un drame aussi bien monté ; l'écriture insolente les balaye. Alors c'est l'esprit de vengeance, celui qui n'épargne personne, surtout pas ceux qu'on aime, c'est cet esprit-là qui donnera au petit-fils de déporté l'énergie de ramener les faits, et lui-même, dans le champ promis de la vérité.
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"Une fois encore, j'ai voulu en finir avec mon père, l'assassiner pour de bon. Je suis entré dans mon bureau. Il y avait cette histoire de maison de campagne, mon père avait acheté une ferme à cent cinquante kilomètres de Paris et tout de suite il avait parlé de s'agrandir, le mot hectare était sorti de sa bouche. En réalité, mon père ne voulait pas d'une maison de campagne, il voulait un domaine avec des collines, des bois, une rivière à lui, il voulait un royaume afin que son règne arrive, et moi j'ai été élevé comme ça, dans ce rêve de puissance, avec des marâtres, des fées, des saltimbanques, et quand j'écris des livres, chaque fois que je veux assassiner mon père, je me replonge dans cette époque merveilleuse, cette époque perdue où j'adorais mon père comme un seigneur.".
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" Dans le coup de foudre, dans la chute en amour, il tombe toujours cette question de ce qu'on va dire aux autres, aux amis, au monde entier. C'est de la vanité, parce qu'on n'est jamais assez fort pour garder le silence, garder le trésor en soi, en fusion, c'est impossible, il faut qu'on se vante, qu'on s'évente. Et moi j'étouffe de bonheur, j'écris, je suis pressé de dire ça à mon éditeur, excuse-moi pour dimanche de t'avoir posé un lapin, mais tu as gagné un livre. Parce que je vais écrire un livre sur Nick, je suis en train d'écrire un livre sur Nick, je lui ai dit, je l'ai averti, et il est d'accord, Nick, je lui ai demandé s'il voulait être le héros de mon prochain livre, et il a explosé de joie en disant: Bien sûr que je veux. Il parle anglais, mais je peux le faire parler comme je veux dans mon livre, dans un français qui convient à mon écriture, à mon désir, à mon rêve de garçon rencontré dans un bordel d'Amsterdam. "Né en 1956, aucun diplôme, Christophe Donner a débuté dans le cinéma comme acteur, puis comme monteur. Il commence à raconter sa vie vers l'âge de vingt ans et publie son premier roman chez Fayard, Petit Joseph.Signant de nombreux livres pour tous les âges, il est déjà l'auteur d'une oeuvre très importante. On retiendra parmi la liste des volumes publiés: Giton, L'Esprit de vengeance, Les Maisons, Retour à Eden et les trois récits parus dans la collection " Libres ", Mes débuts dans l'espionnage, les courses, et à la télé.
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Né en 1956 à Paris, Christophe Donner est l'auteur d'une oeuvre importante et diverse où l'on peut citer, chez Grasset, L'Esprit de vengeance, Retour à Eden, Ma vie tropicale.
Le Livre :
Un enfant surdoué, handicapé par une hallucination qui fait de lui un handicapé de la vie auquel tout contact physique est interdit, est interné dans une institution spécialisée, puis part avec son père à Saint Tropez avant de revenir vers Paris où il s'affranchit progressivement des démons de son « roman familial ».
Comment le narrateur en arrive-t-il là ? Il est le fils bâtard de Freud et de Marx, de la psychanalyse et du communisme, d'un fléau intellectuel et d'un fléau social, de sa mère et de son père.
La religion de l'Inconscient et celle de la Révolution ont coulé dans ses veines depuis l'enfance : c'est cette double violence exercée sur lui, ce double mensonge meurtrier du siècle, qui constituent les véritables personnages du roman.
La révolte contre la tyrannie douce d'une mère psychanalyste passe par la dénonciation de l'escroquerie du freudisme ; l'apostasie de la religion du père communiste passe par le règlement de comptes avec la légende léniniste.
De sorte que l'extrême singularité du roman familial touche à l'universalité du roman générationnel. Roman total où l'on trouve de la drôlerie et de la sauvagerie, de la science et de l'histoire, une théorie de la morale et une pratique de l'auto fiction -
Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive
Christophe Donner
- Grasset
- Littérature Française
- 20 Août 2014
- 9782246800330
Qui se souvient de cette folle ambition : le cinéma va changer le monde ?
Démiurges au centre de l'intrigue, un trio de meilleurs amis qui vont devenir les beaux-frères ennemis : Jean-Pierre Rassam, Claude Berri, Maurice Pialat. La soeur du premier, Anne-Marie, épouse le deuxième, dont la soeur, Arlette, vit avec le troisième. Ils ne vieilliront pas ensemble.
Autour d'eux, Christophe Donner fait tourner la ronde non autorisée des seventies : Raoul Lévy, Brigitte Bardot, Jean Yanne, Macha Méril, Jean-Louis Trintignant, Éric Rohmer, Sami Frey...
La grande histoire crève le grand écran : Mai 68 terrorisant le festival de Cannes ; Rassam et Berri à bord de la Mercedes de Truffaut allant sauver les enfants de Milos Forman dans une Prague envahie par les chars soviétiques ; l'improbable épopée de Godard dans les camps d'entraînement palestiniens.
Et puis, gueule de bois : après la grande bouffe des utopies, tous y en ont vouloir des sous !
Cinéastes grandioses, producteurs têtes brûlées, alcool à haute dose, parties de poker, de sexe et de drogue : des vies qui sont des films, des films qui mettent la vie en danger. Car on se tue beaucoup en ce temps-là, quand on joue encore vraiment sa peau avec l'art... Orson Welles peut lâcher sa malédiction ironique : « Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive. »
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« En temps normal, ça ne m'aurait fait ni chaud ni froid, que les socialistes français doivent élire un nouveau chef. Ce qui a fait tilt, c'est le chiffre six. Ils avaient déposé six motions, ils étaient six comme dans une course de six partants, et je les ai vus, Delanoë, Aubry, Royal, et trois autres dont je ne connaissais même pas le nom : Hamon, Pupunat, Caresche, je les ai imaginés, bien rangés derrière les ailes de l'autostart : attention au départ. Quand je sens qu'il y a du fric à se faire, c'est comme une pile électrique qui s'allume dans ma bouche, il y a un afflux de salive, j'aspire, ça fait un petit sifflement. J'ai appelé Richie, mon bookmaker. Je lui ai demandé s'il avait des cotes pour le congrès de Reims. »
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"Elias Chanoum a cent quatre ans. Arrivé à cette extrémité, il n'aspire plus qu'à une chose, vivre encore un peu. Ce n'est pas seulement un espoir, c'est un projet. Sa femme en a assez, elle voudrait que Dieu l'emporte, tandis que les enfants, les petits-enfants le voient comme une créature éternelle, n'ayant plus aucune raison de mourir. Ca va être à moi, son gendre, de trancher."Un conte cruel qui mêle la famille et ses hystéries, un centenaire bien valide et l'ambivalence de l'amour qu'on lui porte, les secrets de la mémoire, les haines ancestrales dans un pays éternellement en guerre, le Liban.
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Après sept ans d'absence, ayant obtenu son diplôme de médecin dans une faculté française, Emilio revient à Eden, ce quartier de Managua où vit sa nombreuse et pittoresque famille, tribu contrastée mais solidaire en dernier recours dans ce "pays de la misère" qu'est le Nicaragua. Séismes, coups d'Etat, insurrections constituent la trame historique réelle et cataclysmique de ces histoires enchevêtrées où chacun survit en élaborant son propre "délire de la réalité". Mères aimantes, pères plus ou moins lointains et alcooliques, belles-mères insupportables, frères et soeurs solidaires, collatéraux difficiles à vivre et parfois rivaux... Retour à Eden est l'histoire d'une famille que l'on pourrait qualifier d'heureuse, n'était l'environnement brutal de ce pays fascinant qu'est le Nicaragua. Le narrateur est ici un écrivain français qui, par amour pour Emilio, va pénétrer dans l'intimité d'une famille à laquelle il donne la parole, offre son écriture et qu'il rend à son authentique réalité romanesque.
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"La vie n'est pas un roman, ni sous les Tropiques. Le goût de l'aventure me conduit dans les bains turcs de Mexico, sous les fougères arborescentes des ruines mayas... Mesurées à l'aune de ces désirs, mes visions deviennent des découvertes. En face de chez moi, les enfants sniffent de la térébenthine, vautrés devant la maison de William Burroughs, là où il a tué sa femme. Ils rêvent d'avoir un chef, une histoire légendaire que je pourrais leur écrire, pourquoi pas.
Un peu plus tard, je demande à un sourd et aveugle ce qu'est la tristesse avant le mot tristesse. La señora Guadalupe avait besoin d'un miracle, et au lieu de le filmer comme elle me le demande, je le mets en pièces. Mais c'est très beau, très intéressant, les pièces d'un mensonge. Le film que j'en tire, Anatomie d'un miracle, c'est la preuve qu'il me manquait à verser au procès que j'ai depuis longtemps intenté à la fiction, à l'imagination. Quant à ma famille, je l'avais presque oubliée, il faut la démonter elle aussi, avant qu'elle me broie.
Au bout du compte, je voudrais me montrer assez cruel pour qu'on ne me pardonne rien, et surtout pas au nom de l'écriture.
On ne peut pas saisir la morale de cette entreprise si on lui assigne un quelconque projet. Il s'agit d'un réflexe très simple, tropique, qui s'appelle la vie."
Christophe Donner a quarante deux ans. Il vit à Mexico. Il est l'auteur entre autres, chez Grasset, de l'Esprit de vengeance (1992), Les Maisons (1993), Mon oncle (1995), Retour à Eden (1996), Forme d'amour n°3 ou 4 (1997).