Un champ de ruines !
Voilà ce que risquent de devenir vos connaissances en histoire de France, si vous n'y prenez garde ! À moins que ce ne soit déjà fait, à moins qu'il ne reste même plus de ruines... Plus un instant à perdre ! Ensemble, reconstruisons tout : depuis les fondations, il y a deux millions d'années, lorsque le premier homme met le pied sur le futur territoire français, jusqu'à nos jours ! Vous allez, entre autres, fréquenter Cro-Magnon, Clovis, Louis XIV, Napoléon, de Gaulle ; perdre ou gagner Alésia, Azincourt, Austerlitz, Verdun ; tomber sous le charme d'Aliénor d'Aquitaine... Une garantie : vous ne connaîtrez pas l'ennui ! En effet, il se passe toujours quelque chose d'étonnant, d'insolite, de palpitant sous le ciel de France ; et chaque fois que les événements l'ont permis, une dose raisonnable d'humour a été incorporée au récit. Enfin, pour votre plus grand bonheur, personne ne vous demande, comme à l'école, d'apprendre par coeur ! Voilà pourquoi vous allez tout savoir. Et tout retenir, avec plaisir !
Une cigale qui rencontre une fourmi, un rat des champs qui rend visite à un rat de ville, une laitière qui promène son pot au lait...Ces drôles de héros nous accompagnent depuis notre plus tendre enfance, à travers les livres de lecture de l'école et de la bibliothèque familiale où figure en bonne place La Fontaine.
Né en 1621, voilà quatre cents ans, notre poète, bon vivant et rêveur, un brin gaillard, se promène dans la mémoire des petits et des grands.
Jean-Joseph Julaud et Chaunu vous proposent de revisiter ces chroniques de la vie humaine et des temps anciens, de goûter à nouveau leur rigueur et leur fantaisie à travers une sélection de 50 fables commentées, illustrées, et assorties de l'apologue d'origine.
Cet ouvrage s'adresse à tous ceux qui s'intéressent à la politique et plus particulièrement aux "saillies" des hommes et femmes politiques, surtout à l'ère des réseaux sociaux où tout ce qu'ils disent est examiné à la loupe.
De tout temps et plus encore à l'heure des réseaux sociaux, les "petites phrases" des hommes politiques ont été commentées, décortiquées ou critiquées dans un sens comme dans l'autre. Elles en disent long cependant sur ceux qui nous gouvernent.
Cet essai se propose de reprendre les citations de certains de nos présidents de la Cinquième République en les recontextualisant. Le texte, rédigé par un auteur devenu entre-temps présentateur du JT de Paris Île de France (quotidien), sera illustré pour chacune d'entre elles par un dessin de Chaunu, spécialiste de la caricature politique.
A la faveur des prochaines élections présidentielles, les auteurs nous donnent un éclairage intéressant sur nos présidents et ces phrases qui nous dévoilent des aspects peut-être méconnus de leur personnalité.
Enfin la vérité sur le Cu !
Les auteurs adoptent ici un ton léger mais bien documenté et illustré avec humour pour aborder un sujet important : le Cu.
Le Cu vous l´aurez compris est le symbole chimique du cuivre. Celui-ci est utilisé notamment en agriculture biologique et principalement en viticulture avec la bouillie bordelaise. Il fait débat actuellement au niveau européen. Alors le Cu est-il essentiel à la vie ? pourquoi ? Le Cu est-il bon pour l´environnement ? quel est le goût du Cu ? c´est ce que nous vous proposons de découvrir avec ce manifeste drôle et militant pour le Cu comme rempart contre l'agriculture chimique, les OGM, et leurs puissants lobbies.
La chrétienté latine occidentale s'est dotée, du XIIIe au XVe siècle, de nouveaux moyens. Une masse critique de transformations s'est alors constituée, après la lente et méthodique descente le long des côtes de l'Afrique (cf. L'expansion européenne, « Nouvelle Clio », PUF), mais tout explose et change de 1515-1520 à 1570... C'est la conquête (en Amérique), le contrôle côtier (dans l'océan Indien) et pour plusieurs siècles l'exploitation des nouveaux mondes, qu'ouvre la prépondérance européenne.Ce livre décrit, explique, mais surtout il pèse : coût démographique sous l'effet dévastateur du choc microbien et viral pour la première fois évalué, gain d'un surplus de 1 % du PNB pour l'économie dominante, sans doute l'une des conditions lointaines du « décollage » de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle.
Au mois de juillet 2019, l'Unesco va inscrire les plages du Débarquement au patrimoine de l'Humanité. L'occasion de revenir sur cet épisode qui constitue l'événement le plus marquant de la Seconde Guerre mondiale. Les auteurs, un reporter chercheur en histoire, et un dessinateur de presse, se sont associés pour nous raconter comment fut pensé le Débarquement de Normandie, la plus grande offensive de tous les temps, comment il s'est déroulé et ce qu'il en reste d'un point de vue mémoriel sans oublier le business fait autour du D-Day.
Les dessins répondent aux textes de manière amusante et émouvante à la fois. La petite histoire côtoie toujours la grande, nous offrant des récits originaux et attachants, des anecdotes et des détails insolites, du Débarquement à la bataille de Normandie.
Cet ouvrage, s'il peut susciter le sourire, voire le rire, a également vocation à provoquer l'empathie et l'interrogation. Il peut aussi se lire comme un hommage à tous ceux, civils et militaires, qui ont participé à cet événement majeur de notre histoire.
Enfin un dictionnaire drôle ! Laurent Baffie nous donne ses propres définitions des mots de la langue française, le tout avec beaucoup d'humour et de second degré. Dans sa version illustrée, chaque définition du dictionnaire est accompagnée d'une illustration décalée signée Chaunu.
Histoire et imagination, La transition inaugure la collection « Histoires » initiée par la communauté des historiens universitaires. Le point de vue initial de Pierre Chaunu est que : « Avec la transition, nous avons enfin un concept opérationnel et fédérateur. C'est un concept d'économiste, de démographe et bien évidemment de philosophe et d'historien.[...] Pour le moment la transition se présente comme l'entrée dans un système de plus en plus implosif, totalement non reproductible, au sens propre, un futur sans avenir. Seule, une analyse historique du présent à la lueur du passé est susceptible, peut-être, de proposer quelques solutions en vue d'une prospective un peu moins désastreuse.»
A partir de l'étude de nombreuses sources, retrace la constitution et la mise en mouvement de l'expansion planétaire de l'Occident chrétien maritime entre le XIIIe et le XVe siècle, qui mènera au désenclavement des différentes régions du monde. « Copyrigh
Tandis que les chrétiens français, devant certaines manifestations, comme celle de Mgr Lefebvre, découvraient qu'ils n'avaient pas digéré complètement l'aggiornamento, deux historiens, deux amis - animateurs de l'Association universitaire pour le respect de la vie - rédigeaient cette lettre ouverte, adressée aux églises en crise. Usant ici de l'humour et là de la "polémique sans malice", alternant l'analyse historique des problèmes et l'indispensable admonestation, ils mettent, irrespectueusement mais sans animosité, les responsables ecclésiastiques en face de leurs responsabilités d'hier et d'aujourd'hui.
Au centre même du creux des volumes consécutif aux lourdes pertes et à la grave incidence de la guerre hispano-anglaise, des forces actives - on l'a vu - travaillent au redressement massif des années qui suivent 1592. Rapidement, les niveaux d'avant la catastrophe sont retrouvés, la marche en avant du mouvement reprend son cours et, sans conteste, quelle que soit la ligne d'approche que l'on adopte, les niveaux atteints dès la première fluctuation cyclique 1593-1604, voire, dès la première fluctuation primaire (1593-1597) du cycle 1593-1604, en volume, du moins, dépassent déjà ceux-là, pourtant, particulièrement honorables, du « cycle royal de l'argent du Potosí ». Ils les dépassent de très peu, il est vrai, mais avec une constance suffisante pour qu'il ne puisse y avoir de doute sur la réalité du dépassement.
Ce livre voudrait présenter, de 1504 à 1650, un siècle et demi d'histoire d'un océan : l'Atlantique, entendez, pratiquement, le plus vieil océan à l'échelle humaine, le premier qui ait été régulièrement franchi, le premier à s'être trouvé au coeur d'une économie, mieux d'une civilisation, diverse, complexe, multiple, comme toute économie, comme toute civilisation, mais essentiellement une, malgré l'immensité pour la première fois dépassée.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Que s'est-il donc passé en Occident à la fin des années soixante ? Plus précisément, entre 1965 et 1970, quand - tous les sondages l'attestent - la mort devint, pour l'imaginaire collectif, le néant qu'elle n'a jamais été pendant 45 millénaires ? C'est avec son habituelle passion, et sur la base de documents inexploités à ce jour, que Pierre Chaunu analyse ces années noires - ces "Cinq tragiques" - pendant lesquelles tout bascule : l'Église, qui abdique sa spiritualité au profit d'un Évangile trop séculier ; la science qui s'essouffle, des techniques d'apprentis sorciers qui mettent en péril les équilibres fondamentaux de la démographie ; la "crise" avec son cortège de fanatismes et d'aveuglements au terme desquels on rencontre cette question singulière : pourquoi l'Occident cesse-t-il de donner un sens à la vie au moment même où le progrès lui offre les moyens de ne plus la transmettre ? On devine alors que, face à cette montée des périls, Pierre Chaunu ne ménage personne : ni les institutions, ni les dévôts, ni les incroyants. Il les adjure ici, au nom d'un espoir improbable doublé d'une espérance indéracinable qui reste la sienne et qu'il s'efforce avec talent, de faire partager. L'Historien, en cet instant, est ainsi un livre de colère et de conviction, un essai et une profession de foi.
Christianisme et totalitarismes en France dans l'entre-deux-guerres (1930-1940)
La chrétienté paradoxale
Après avoir exploré la contribution des intellectuels chrétiens à l'analyse des totalitarismes (fascisme, nazisme, communisme) en France, à l'aide d'une documentation souvent mal connue voire inédite, il convient de porter un dernier regard sur la « Fille aînée de l'Eglise ».
Au soir de sa vie, dans une Europe aux prises avec les totalitarismes, Pie XI reconnaissait que de France lui venaient les plus grandes consolations. Dans ce pays pourtant marqué par un laïcisme virulent, la vitalité spirituelle et sociale d'une Eglise en plein renouveau contraste avec une République en crise. Tel est le paradoxe d'une chrétienté en reconstruction, pierre d'angle d'un sursaut patriotique à l'heure des provocations hitlériennes.
Mais le catholicisme français de ces années trente est confronté à des questions cruciales : Comment doivent se définir les rapports entre l'Eglise et l'Etat dans le climat nouveau du long gouvernement Daladier ? Quel contenu spirituel faut-il donner au patriotisme face aux effets dissolvants du nationalisme et du pacifisme ? Comment peut-on encore défendre la cause d'une guerre juste après le suicide européen de 1914 et face au nouveau défi de l'Allemagne hitlérienne ? Et quelles formes de résistance contre les totalitarismes faut-il envisager ?
Avant la défaite de 1940, une réponse chrétienne à chacune de ces questions est ébauchée. Elle aidera ainsi au discernement des consciences à l'heure des choix décisifs. Une contribution magistrale pour redécouvrir le sursaut spirituel et intellectuel catholique dans la France d'avant-guerre.
Lorsque autrefois la peste s'abattait sur une ville, une région, un continent, chacun en était averti par la rumeur, les cloches, les grands feux, et les hommes armés qui tentaient d'isoler les zones contaminées des autres. La peste blanche, au contraire, est invisible, apparemment indolore. Pourtant, à court terme, elle est tout aussi dramatique que les pestes d'autrefois. Qu'est-ce que la peste blanche ? La désespérance. L'indifférence à la vie. Le sentiment que seul compte le bonheur immédiat. Le mépris de l'histoire comme de l'avenir. Désespérance qui a des conséquences directes : le déclin démographique accéléré, la résignation anticipée devant les asservissements possibles. Deux hommes, l'un et l'autre optimistes par tempérament, un historien et un journaliste, Pierre Chaunu et Georges Suffert, se sont associés pour procéder à une enquête systématique sur les raisons de la tentation suicidaire qui assaille aujourd'hui l'Occident. Comment se manifeste la maladie ? Dans combien de temps deviendra-t-elle douloureuse ? Y a-t-il des précédents historiques ? L'expérience du déclin de l'Empire romain, celle des Amérindiens, peuvent-elles nous fournir des indications sur la nature et les raisons des grands effondrements démographiques et politiques de l'histoire ? En définitive, est-il possible d'enrayer la maladie qui secoue l'Occident ? Et comment ?
La liberté est-elle la première des " idées-forces " dans la civilisation judéo-chrétienne? C'est le point de vue de Pierre Chaunu dont la réflexion dans cet essai est aussi théologique qu'historique. Le concept de liberté est pour lui inscrit dans les premiers mots de la Genèse: " Au commencement Dieu créa ". Cette conception repose sur trois principes: Dieu est liberté _ la Création est issue d'un acte libre de Dieu que ne limite aucune nécessité _ Dieu s'adresse à l'homme comme à l'alter ego de sa propre liberté. Cette " liberté au ciel ", Pierre Chaunu s'en fait l'exégète à la lecture de la Bible et de ses principaux commentaires: ceux de Luther et de Calvin, d'Erasme _, comme ceux de saint Augustin et de Thomas d'Aquin.
Mais la liberté, " cette notion immémoriale antérieure au mot qui la défend ", a aussi une histoire. Elle commence avec le Ramapithécien qui se dresse sur ses pattes de derrière, elle est celle de la taille de l'outil, elle est acte créateur dans le temps vrai d'une vie sous le regard de la mort. Pierre Chaunu la replace au coeur des sociétés qu'il traverse avec érudition et passion: la Cité grecque, les guerriers du Moyen Age, les paysans parcellaires des XIIe et XIIIe siècles, ces " dix millions de décideurs tard mariés mais pour la vie ", les persécutions religieuses à contre-courant du siècle de Louis XIV, la Révolution française qui a basculé sur la question religieuse et a sombré dans l'intolérance de 91 et la Terreur de 93 parce que " la valeur première de la Révolution est Egalité, dût-elle en coûter beaucoup en matière de libertés ", le XIXe siècle des Libéraux pour qui la liberté est une valeur judéo-chrétienne de progrès.
C'est en historien de la longue durée et de la continuité que Pierre Chaunu nous propose, avec la fougue qu'on lui connaît, cet itinéraire de la liberté " au ciel et sur la terre ", " idée-force " dont il discerne les signes du retour dans la pensée d'aujourd'hui.
Pierre Chaunu est professeur d'histoire à l'Université de Paris-Sorbonne. Ses principaux ouvrages sont: Séville et l'Atlantique, La Civilisation de l'Europe classique, La Civilisation de l'Europe des Lumières, Le Temps des réformes, La Mort à Paris.
Du présent que j'ai vécu, des futurs que j'ai parfois prévus, de quelques coins du passé que j'ai d'assez près regardés se dégage une ligne simple de relative cohérence. L'Australopithèque cassant son caillou avait déjà perdu une bonne part des conduites instinctives complexes qui permettent aux autres êtres vivants de vivre un cours un peu terne mais tranquille et sans migraine. Nous avons largué le reste et comblé cette heureuse défaillance par un processus ininterrompu d'accumulation culturelle. On peut donc être tenté de schématiser l'histoire par un vecteur sur l'axe du temps représentant la masse globale d'information et sa circulation. Les clefs de cette histoire sont simples, elles s'appellent : accroissement du nombre des vivants, élargissement des cercles de communication, conservation de l'acquis, limitation des pertes en ligne (l'écriture, de l'imprimé à la puce électronique), réduction des flambées destructrices de violence qu'entraîne tout décloisonnement des espaces. Et quelle explosion quand commencent à fonctionner les multiplicateurs sensoriels, optiques, d'abord au début du XVIIe siècle, puis les multiplicateurs des volumes et de la vitesse du déplacement, en attendant la parole et l'image à 300.000 kilomètres/seconde... Tout compte fait, il ne se passe pas tant de choses importantes en trois petits millions d'années, qu'on ne puisse tenter de les dire en 300 pages.
Hier, s'affirmait la confiance dans le progrès sans fin des sciences et des techniques. Depuis quinze ans, le monde industriel s'enfonce dans la crise qui s'exprime dans la chute des rendements, l'incapacité à absorber la nouvelle révolution technologique, la réduction de près de moitié de la fécondité. La cause profonde réside dans la mise en cause du transfert laïc de l'ascétisme judéo-chrétien, dans la contestation des valeurs d'un christianisme tamisé à travers les filtres des Lumières. Le vague à l'âme qui découle de la conscience aiguë de ce drame, s'exprime dans le concept et le vocabulaire de la décadence. La décadence, aujourd'hui, n'est à personne. Il suffit d'ouvrir les yeux et de regarder autour de soi. Elle est dans nos moeurs, dans nos conduites, dans notre attitude globale devant la vie, dans l'absence d'un discours cohérent sur la mort. Il était légitime d'interroger l'histoire, de chercher les origines du mot, du concept, et de distinguer les périodes qui ont été marquées, dans la conscience des contemporains, ou dans le discours des historiens, du sceau de la décadence. [...] La décadence implique un processus lent et progressif, ce que l'analyse des sociétés contemporaines permet de discerner, est un risque d'une autre nature, quelque chose qui ne s'apparente à rien de rassurant que nous ayons connu. Devant ces dangers insolites, un supplément de lucidité associe le oui à la peur, le non à la panique. Seule une enquête historique permettra de répondre aux questions que se posent dirigeants, responsables et simples citoyens avides de comprendre. Pierre Chaunu a appelé la réflexion des meilleurs spécialistes des différentes périodes de l'histoire dans la collection Histoire et décadence qu'il dirige, et dont cet essai définit aujourd'hui les lignes, les règles et les jeux.
Écrits entre l'automne 1983 et le printemps 1985, ces textes fondus en une histoire de l'Histoire sont les réactions à vif de Pierre Chaunu, ce grand historien d'esprit encyclopédique, ce philosophe anxieux du destin sous le regard de la mort. L'historiographie, telle qu'elle se publie au jour le jour, est le réactif le plus sensible des humeurs d'un moment. Entre une époque comme la nôtre, lourde de risques, de dangers, de possibilités gaspillées, et la manière de traiter le passé, des correspondances existent, qui sont, elles-mêmes, matière privilégiée de l'Histoire. Là, résident le sens et la justification de cet essai. Tout en survolant la totalité de la production historiographique, Pierre Chaunu a fait un tri qui est, en définitive, une photographie à la fois de la progression de la connaissance et des préoccupations des historiens. Pour une bonne moitié, il s'agit d'histoire religieuse. C'est donc au sein du religieux, de tous les aspects du sacré, qu'il nous fait pénétrer en compagnie des historiens contemporains. Mais cet essai n'est pas seulement une plongée au coeur judéo-chrétien de notre culture. Il montre aussi que l'après nouvelle histoire ne méprise plus les origines de nos identités nationales. Pourtant, estime Pierre Chaunu, l'oeuvre de démolition se poursuit hypocritement. Selon lui, les petits maîtres du passé, faisons table rase s'attaquent, à la tronçonneuse, aux racines qu'ils haïssent, alors qu'elles donnent son sens à la vie. Aussi ne s'étonnera-t-on pas que ce pèlerinage au coeur religieux et aux sources de notre identité se termine sur quelques éclats polémiques. Car, pour l'auteur de Histoire et décadence, la tolérance n'est pas indifférence, le respect de l'autre suppose que l'on mette bas les masques et que, de temps à autre, l'on dise tout, même ce qui est rude à entendre.
Une étude sur le passé de la France avant qu'elle ne soit une nation.
Ce nouveau livre de Pierre Chaunu marque une étape importante dans son itinéraire intellectuel. Connu pour son immense oeuvre historique et pour ses prises de position virulentes, il ne nous avait pas encore entretenus de l'arrière-plan philosophique qui donne sens à son travail et à son combat. Après nous avoir rappelé l'urgence de la crise démographique qui atteint l'Occident dans ses forces vives et menace sa survie, Pierre Chaunu s'attache à déterminer les conditions d'un sursaut. On ne consent à donner la vie que si la vie a un sens, et elle ne peut en avoir que si la mort elle-même a un sens. Or la mort et la vie sombrent dans l'absurde si l'homme n'est pas capable de tenir un discours cohérent et convaincant sur l'Être. L'Occident peut retrouver ce discours en revenant aux sources de son génie, en reprenant contact avec la mémoire millénaire qui l'a forgé. Dans cette mémoire, Pierre Chaunu découvre la liberté et les libertés, sans qui le présent est asphyxié et l'avenir bouché. Il y découvre aussi la tradition d'une séparation radicale entre le sacré et le profane, entre l'essence et l'apparence, entre l'Église et l'État. Non pas que la cité des hommes et la cité de Dieu doivent s'ignorer ou se combattre : chacune est légitime dans son domaine propre et chacune s'appuie sur l'autre. D'ailleurs les développements les plus récents de la cosmologie, de la physique et de la biologie ne révèlent-ils pas une concordance frappante avec les enseignements les plus constants de la Genèse, et les exigences de la démocratie occidentale ne sont-elles pas en accord total avec la tradition chrétienne ? La philosophie de Pierre Chaunu lui permet donc de conjuguer avec un rare bonheur la raison exigeante du savant, la foi ardente du croyant et la liberté vigilante du citoyen. Une pensée aussi rigoureuse, informée et élevée, nous lance un défi et nous apporte l'espoir : comment une civilisation millénaire ne renouerait-elle pas le fil d'une histoire féconde et glorieuse ? Comment la vie pourrait-elle ne pas triompher de l'aveuglement et de la lâcheté ?
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Le baptême de Clovis, il y a 1 500 ans, est aussi celui de la France, pays que fonda le chef mérovingien. Guerrier victorieux, Clovis fut aussi un génial politique : sa conversion rallia aux Francs les Gallo-Romains. La cérémonie de Reims se mua ensuite en sacre et Clovis devint un héros mythique qui, à la différence de Charlemagne, appartient à la France seule. Pour modeler ce profil, il a fallu près d'un millénaire et la guerre de Cent Ans qui cimenta la nation. Clovis fut alors identifié au Roi saint en attendant le siècle des Lumières qui fit du Franc l'inventeur de la monarchie constitutionnelle... Au XIXe siècle les deux France, révolutionnaire laïque et royaliste catholique, se disputèrent le héros. L'ombre de Clovis était présente lors de « la grande ordalie » de 1914-1918 et même aux funérailles de Mitterrand. Elle est au coeur de l'exception française : précoce identité nationale, royauté sacrée, Église indépendante du pape, passage de la « gallicanie » à la « laïcanie », de la religion d'État à une forme d'athéisme d'État. Pierre Chaunu et Éric Mension-Rigau, mêlant érudition, intuitions et convictions, passent en revue les figures qui, après Clovis, ont su aussi rassembler les France : Jeanne d'Arc, Henri IV, De Gaulle... Les auteurs décrivent cette France d'hier et d'aujourd'hui, fruit d'une succession d'impossibles mariages et qui entre dans le XXIe siècle avec deux mémoires vivantes, parfois opposées : celle de Clovis-Jeanne d'Arc et celle des soldats de l'An II.